Une table ronde autour de la charte pour la paix et la réconciliation nationale a été animée hier au forum d'El Moudjahid à l'initiative de l'association Machâal El Chahid. Hormis une explication juridique prodiguée par l'avocate Mme Benbraham, les autres intervenants, à l'instar du président de la Coordination des associations de soutien à Bouteflika, de la présidente de l'association Iqra, de l'universitaire Chikhi, du président de l'UNEA et de Azzedine Mihoubi, ont sombré dans des discours oiseux pour ne pas dire otages du passé. Ainsi, l'avocate a révélé que la loi de la concorde civile, succédant à la loi de la rahma, a permis la reddition de plus de 6000 terroristes. Selon elle, le souci du sécuritaire dans les années 1991 et 1992 a été couronné, en 1999, par l'objectif d'instaurer une paix sociale. « Aujourd'hui, la charte vise à un rétablissement total de cette paix sociale », a conclu l'avocate en signalant que le texte du Président Bouteflika est une plateforme idéologique et non pas une loi. « La charte tend à régler tous les problèmes laissés en suspens dans la concorde civile », a expliqué Mme Benbraham. Exemple : quel sera le sort des victimes du terrorisme ? L'avocate, se référant au projet de la charte, répond que l'Etat s'est engagé à prendre en charge toutes les indemnités afin d'éviter tout autre conflit entre citoyens. Dans le même texte, l'Etat rend hommage aux forces de l'ANP et de sécurité qui, sans elles, l'Etat a failli s'effriter. La même reconnaissance, continue l'avocate, a été exprimée en faveur des civils qui ont pris les armes pour défendre l'Etat et qui bénéficieront d'un statut particulier. La charte met en place des mécanismes juridiques pour éviter toute vengeance sociale et dépasser les rancœurs entre les Algériens. Mme Benbraham précise, cependant, que les crimes de sang et les viols sont exclus de la charte. En sus des extinctions des peines et des grâces prévues dans la charte, le 8e point dans « Les mesures destinées à consolider la paix » cible, selon l'avocate, les condamnés à mort qui verront leur peine ramenée à 20 ans. Pour le président du comité olympique, Mustapha Berraf, il est question de bâtir un monde pacifique imprégné de confiance mutuelle et de fraternité. « Nous appelons la jeunesse algérienne à participer activement au référendum. Le peuple est souverain et que la majorité l'emporte » dira-t-il fair-play. La présidente de l'association Iqra, appelant à l'amour et à la tolérance, trouve du mal à pardonner à ceux qui ont incendié « 1200 écoles ». Elle a plaidé pour une Algérie « moderne attachée à ses traditions ». Le président de l'Union nationale des étudiants algériens (UNEA) estime qu'il est urgent de lutter contre l'insécurité pour parvenir à une prospérité économique. De son côté, le président de la Coordination des associations de soutien à M. Bouteflika a affirmé la nécessité de préparer un environnement de fraternité et d'amitié pour les futures générations. L'enseignant universitaire M. Chikhi a tenté, en vain, de donner une lecture philosophique à son intervention en appelant les Algériens à « distinguer entre penser en tant qu'individu et en tant que citoyen » ! Pour dépasser les contradictions sociales, explique-t-il, il faut que chacun fasse des concessions.