Même si une petite évolution est constatée par rapport aux années précédentes, Tigzirt, l'antique Omnium, a raté encore une fois l'occasion de relever le défi de se réconcilier avec le tourisme. Les responsables du tourisme de cette ville ont tablé avant le début de l'été sur le nombre de 2,5 millions d'estivants. Ce résultat est loin d'être atteint. Pourtant, la ville balnéaire avait toutes les chances de réussir pleinement sa saison estivale, en raison du règlement des problèmes de base dont elle souffrait, à l'exemple du revêtement de la RN72 qui la relie à Tizi Ouzou sur 40 km et la réouverture de la RN24 qui la relie à Dellys sur 26 km. On note également le règlement de l'épineux problème de l'eau après la réalisation d'une station de dessalement. On souligne aussi la nette amélioration de la situation sécuritaire. « La saison estivale a été terne ; la raison est que nos responsables ne sont pas à la hauteur pour gérer la ville », nous dit tristement Arezki, propriétaire d'un restaurant au centre de la ville. Les autres commerçants rencontrés ont exprimé leur insatisfaction. « Ils parlent de tourisme. Regardez la plage, elle ressemble à une décharge à ciel ouvert. Je trouve ça triste et honteux », fulmine Amar, un homme d'une quarantaine d'années rencontré à la grande plage de la ville. La liste des facteurs qui ont compromis la saison est longue. En plus des détritus, les eaux usées sont déversées sur les plages. Le chantier de réalisation d'une station d'épuration, lancé depuis plusieurs années, tourne au ralenti et ce n'est que récemment qu'il a été renforcé après que la presse eut soulevé le problème de la pollution des plages. Un autre problème jugé sérieux par les commerçants de cette ville a été vivement évoqué. « La débauche fait fuir les touristes », nous dit Ali, un commerçant d'une cinquantaine d'années. Samia, une étudiante qui habite Tizi Ouzou, confirme les dires de ce commerçant. « Nous ne nous rendons plus en famille à Tigzirt depuis plusieurs années car cette région est malheureusement envahie par des tas de mauvaises choses », nous dit-elle. Il faut noter que les touristes habituels qui s'établissent pendant plusieurs jours à Tigzirt sont des familles qui viennent des quatre coins du pays. Après la fuite de cette importante catégorie d'estivants, il ne reste que les visiteurs d'un jour ou d'un week-end, lorsque la canicule les amène dans la cité côtière. En plus de ces maux divers, la saison estivale a été marquée par l'instabilité puis par le départ des élus de cette commune. Au- delà de ces aléas rencontrés ces dernières années, Tigzirt souffre d'un manque flagrant de plan de développement touristique. A l'ouverture de chaque saison, on improvise, on réagit médiocrement et passivement. « Tigzirt a besoin d'une refonte de sa gestion. Elle a besoin d'opérateurs économiques qui réaliseront des villages touristiques dignes de ce nom, des responsables qui veilleront à sa propreté et à la valorisation de ses sites », nous dit Kamel, un homme d'une quarantaine d'années.