Depuis quelques années, la mode joue la tendance « éternel recommencement ». Chaque saison, une décennie de style tient la vedette et prend les podiums d'assaut. Même si la mode cultive la nostalgie, beaucoup de créateurs s'inspirent, réactualisent et multiplient les clins d'œil et hommages. Les maisons qui ont un passé rééditent leurs modèles phares. Aujourd'hui, rien n'est plus actuel que de porter de l'ancien. Il suffit de piocher directement dans les garde-robes du passé pour faire du neuf avec du vieux. La mode millésimée est donc devenue hautement désirable de Paris à New York et de Londres à Milan. Le vintage satisfait une envie de rare de personnel dans un monde où ce qui est à la mode se duplique à l'infini, partout au même moment. En s'offrant un sac des années 1970 et une robe qui a vécu ou un manteau signé d'un grand couturier de l'après-guerre, on affirme son goût pour l'authentique. Pour Bengt Jacobsson, du bureau de style Carlin international, l'important est que le vêtement trouvé aux fripes, aux puces ou dans des surplus, reflète l'imagination et la créativité de l'époque, des années 1940 aux années 1970 ou 1980. « Ce peut être aussi de se réapproprier un modèle en découpant une robe, en ajoutant une ceinture », souligne-t-il. Selon le dictionnaire international de la mode, le terme vintage a fini par designer tout un jeu d'apparences utilisant des vêtements anciens, du mélange de fripes et de vêtements neufs portés au quotidien jusqu'aux pièces exceptionnelles. Ce vêtement griffé, qui représente une période donnée, doit être portable sans s'apparenter à un déguisement. Il faut cependant posséder une vraie culture de mode pour repérer les pièces intéressantes et savoir les associer. Alors que les créateurs s'inspirent encore des années 1960 et 1980 se référant à Courrèges, Cardin, Alaïa et Mugler, le duo italien Domenico Dolce et Stefano Gabbana a ouvert une boutique à Milan (Italie) qui remet au goût du jour leurs propres modèles vintage (modèles anciens de couture ou prêt-à-porter de luxe). « Le vintage, c'est ce qui a une âme et donc ce n'est possible qu'avec de grands crus et de créateurs comme Saint-Laurent ou Sonia Rykiel parce qu'au-delà de la mode, c'est un style qu'ils ont créé », explique Nathalie Rykiel. La fille de Sonia, directrice générale de la griffe, a lancé une nouvelle ligne Modern vintage, rééditant quelques modèles puisés dans l'histoire Rykiel. Les best of de la mode Sonia Rykiel sont réédités en série limitée et griffée modern vintage Sonia Rykiel. En 2000, la maison Saint-Laurent avait décidé de rééditer sur commande quelques pièces mythiques des années 1960 comme le premier smoking du maître, la saharienne et le caban. Quant à Jean-Charles Castelbajac, il expliquait avant une vente aux enchères de ses créations manifestes vouloir « réinjecter » ses vêtements dans la vie et montrer son travail « à une nouvelle génération ». Après l'authentique et la réédition, il y a aussi le vintage détourné comme celui de Michèle et Olivier Chatenet sous la griffe E2. Grands collectionneurs, ils ont été parmi les premiers à le développer en ajoutant leur créativité sur des vêtements signés Chloé, Lagerfeld, Gaultier. Ces spécialistes de la récupération chic avaient choisi pour leur premier défilé, baptisé « Fashion circus », une collection hiver 2003/2004 travaillée à partir de vintage Yves Saint-Laurent, Chloé, Alaïa ou Balmain, des années 1950 à 1995 et constellée de messages - « Fashion circus », « Hope » (espoir), « Fashion free ? » - entrecoupés de motifs floraux années 1960 ou d'emblèmes automobiles reconnaissables.