Le 3 août 2003, s'éteignait l'artiste Bachir Belounis, à l'âge de 53 ans, un des rares sculpteurs algériens à avoir marqué de son empreinte cet art. Artiste contemporain, Belounis de son vivant ne prétendait pas, une fois entamée sa carrière au début des années 1960 alors qu'il était encore un adolescent, rivaliser avec les grands de ce monde de la sculpture. C'était un artiste qui aimait le contact de tout ce qui portait les caractéristiques de la culture sous toutes ses formes. Il s'était mis dans la tête de raconter avec ses ciseaux et son martelet un cycle de métaphores en sculptant et en faisant jaillir de l'obscurité des formes d'une vulnérabilité apparente tout en leur donnant de brûlantes résonances. originel et d'original D'où cette lumière crue, innocente dans sa légèreté en diable qui émane de plusieurs de ses œuvres, plus denses que les considérations salaces sur cet art qui a assuré sa gloire qu'une mort brutale avait stoppée. L'homme et ses œuvres ne font qu'un dans leur recherche du sens à l'histoire que dans l'histoire des sens. A travers ses œuvres, Belounis avait ouvert grandes des portes sur les différents aspects de la vie dans une mer aride et sans mémoire où s'engloutissent rêves et regrets. « Lors de ses accouchements artistiques d'une fulgurante et saisissante originalité, il était avant tout guidé par la nature, inspiré qu'il était par l'illumination spirtuelle et la clarté de sa vision artistique, dans la mise au monde de ses œuvres. Ses enfants artitistiques, comme il aimait bien qualifier ses œuvres, il les enracinait profondément dans la terre bien de chez nous, la terre d'Algérie, sa tradition, son histoire millénaire envers et contre tout oubli de notre patrimoine si riche », a dit de lui El Yasmine Belounis son épouse. Sa carte de visite est très longue. Aussi longue que l'est son parcours fait de sensibilité, de sociabilité, de passion et du sens de la communication pour tout ce qui a trait à la culture. Le grand prix qu'il décrocha en 1980 à Alger, le 3e prix au Festival international des arts plastiques, son inscription en 1990 sur le guide des côtes internationales avec les plus grands maîtres de l'art, ses œuvres vendues aux enchères dans les prestigieux Drouaut Montaigne et D. Richelieu, cet artiste qui avait été sélectionné par Dominique Stal, l'expert français de l'école du Louvre mondialement connu dans la peinture ancienne et contemporaine, ses nombreuses expositions à travers le monde de 1978 à 2003, ses publications, ses films et ses conférences, cet artiste donc était décédé alors qu'il esquissait une nouvelle œuvre à St Etienne (France) dans le cadre de l'Année de l'Algérie en France. « L'œuvre n'obéit qu'au jugement du temps, car le temps n'use pas le granit, il l'embellit », disait-il lorsqu'on l'interrogeait sur sa passion de la sculpture. « Ta disparition nous privera et privera beaucoup d'autres de ta richesse intellectuelle et d'un profond amour, d'une vertueuse et honnête générosité et d'une inestimable richesse de cœur et d'esprit. Ton absence, nous la ressentons à chaque instant, ton amour pour nous, ta grandeur d'âme, ta sincérité et ta forte personnalité, tes grandes valeurs et ton raisonnement ont fait de toi un grand homme respectueux, un artiste de grande lignée et un mari et un père exemplaire ». Les écrits de ses propres enfants, surtout sa fille Asalah expriment tous les sentiments de ceux qui ont connu et côtoyé Bachir Belounis tant à Annaba que partout ailleurs.