Dans un discours de plus d'une heure, prononcé jeudi dernier à la salle de l'INH de Boumerdès, le secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, a défendu bec et ongles le projet de la charte pour la paix et la réconciliation nationale, tout en essayant de battre en brèche les arguments des contradicteurs de Bouteflika. « La population de Boumerdès, qui a durement souffert durant ces années de braise, sait très bien qu'un terroriste qui dépose les armes est synonyme de vies épargnées. Six mille terroristes sont descendus des maquis avec les dispositions de la concorde civile initiée par Abdelaziz Bouteflika et la réconciliation nationale aidera à pacifier totalement le pays », a dit Ahmed Ouyahia. Sur sa lancée, il dira que « d'aucuns s'étonnent aujourd'hui de voir les éradicateurs que nous étions hier tendre nos mains à tous les Algériens. Nous répondons simplement que nous sommes des éradicateurs de la violence ». A partir de Boumerdès, Ouyahia a rappelé qu'« il n'y aura pas de place sur la scène politique pour ceux qui durant des années refusaient d'appeler à l'arrêt de la violence », allusion faite aux militants du FIS dissous. De même pour tous ceux qui ont instrumentalisé la violence pour semer la terreur sur notre chère patrie, a-t-il tranché. Il appuiera ses propos par un témoignage : « J'ai été moi-même parmi ceux qui allaient voir les responsables du FIS dissous à la prison de Blida du temps de Zeroual. On les implorait à appeler uniquement à la cessation des actes terroristes et ils nous répondaient que ce n'était pas eux et qu'ils n'avaient rien à faire dans cette histoire. Aujourd'hui, beaucoup parmi cette catégorie de gens s'offusquent de ne pas avoir été associés à l'initiative du président ; nous leur renvoyons leur réponse d'hier. » Le chef du RND ne manquera pas d'épingler les ONG internationales et les opposants à ce nouveau projet de paix de Bouteflika à l'intérieur du pays. « Le Président pouvait bien soumettre sa charte à l'approbation du Parlement et tous les députés auraient levé les deux mains pour voter oui. Mais l'Algérie a trop d'ennemis à l'extérieur et beaucoup d'intelligence en son sein. Quand nous avons promulgué les lois sur la rahma et la concorde civile, beaucoup d'ONG dont Amnesty International se sont élevées pour dire non, ce n'est pas comme ça. Tout le monde parle aujourd'hui de terrorisme. Bush, Kofi Annan, Blair... Mais jamais ils n'évoquent le cas de l'Algérie. D'un autre côté, tout ce monde applaudit les mesures de paix en Irlande, en Espagne et ailleurs », a dit Ouyahia. Et d'expliquer : « Nous sommes des bruns aux cheveux châtains et n'avons pas des yeux bleus. » Pis, le chef du RND ira jusqu'à accuser les pays occidentaux de faciliter l'obtention du visa aux islamistes. « Je ne voudrais pas fâcher la France, mais c'est la réalité », martèlera-t-il. « Mais l'Algérie a retrouvé le chemin du bonheur : Abdelaziz Bouteflika a réalisé, en grande partie, les trois objectifs qu'il s'est tracé en 1999, à savoir éteindre le feu de la fitna, rehausser la position de l'Algérie à l'étranger et relancer le développement. Nous avons encore des problèmes, mais la réconciliation nationale les réglera », a-t-il déclaré. Et de discourir sur le plan quinquennal qui apportera un million de logements et créera deux millions d'emplois. « Dans ce programme, Boumerdès bénéficiera de 53 milliards de dinars, 24 000 logements, une station de dessalement d'eau de mer... », promet le chef du gouvernement. Revenant au projet de charte pour la paix et la réconciliation nationale, Ouyahia rappelle qu'il n'y a aura pas d'amnistie. « Dieu même ne pardonnera pas aux auteurs de massacres et de viols », a-t-il argumenté. Et il n'a pas raté l'occasion de lancer des fléchettes aux « autonomistes qui, pendant que l'Algérie était menacée par un naufrage, réclamaient la partition du pays ». Ahmed Ouyahia prévoit deux ennemis au projet de la charte, le 29 septembre : les terroristes qui risquent encore de frapper pour dissuader les citoyens d'aller voter et l'abstention. « Mobilisons-nous pour réaliser un record à ce rendez-vous », a-t-il dit à ses militants, tout en rendant hommage à l'ANP, la garde communale, les patriotes, la police et la gendarmerie pour leurs sacrifices.