Le président de l'APN trouve la charte de Abdelaziz Bouteflika comme seule « issue idéale » à la crise. Abdelkader Bensalah, président du Conseil de la nation, fustige les ONG internationales, qualifiant leurs critiques du projet de réconciliation nationale d'ingérence dans les affaires internes du pays. La session parlementaire d'automne s'est ouverte, hier, sous le signe de la réconciliation nationale. Signe affiché clairement aussi bien par le président de l'APN, Amar Saâdani (FLN), que par le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah (RND). Les deux allocutions d'ouverture prononcées par ceux-ci devant les deux Chambres parlementaires ne sont que des textes à la louange du président Bouteflika, encensant son cher projet de « pour la paix et la réconciliation nationale ». Amar Saâdani, président de l'APN, a considéré « la charte pour la paix et la réconciliation nationale » comme la seule et unique « issue idéale pour sortir notre pays définitivement de la crise et lui permettre de consacrer ses efforts à son développement ». Selon lui, ce projet constitue « une autre chance, voire une ultime opportunité accordée à ceux qui n'ont pas encore renoncé aux armes pour faire vœu de pénitence par-devant le peuple souverain ». Pour lui, la charte « illustre, on ne peut mieux, les sentiments de dévouement qui animent le chef de l'Etat à l'égard du peuple et sa ferme volonté de donner aux Algériens la paix, la quiétude et la sécurité dont ils ont besoin pour appréhender sereinement leur présent et leur avenir ». Son intervention ressemble à une prose nombrée. Il glorifie l'action salvatrice du Président sans tenter la moindre critique. Il dit de lui tout le bien du monde. Il le qualifie, entre autres, d'un « homme qui, par sa sagesse et sa clairvoyance, a su mener le pays, en situation difficile, à bon port, en prenant l'initiative d'engager un processus de concorde civile ». M. Saâdani, sans étonner personne, fait l'impasse sur le bilan de cette concorde civile dont il évoque les bienfaits. Il ne doute pas que c'est celle-ci qui a permis « à ceux qui se sont égarés de retrouver les leurs affectueux de l'Algérie des martyrs et de la générosité ». Il rappelle qu'elle a « permis le repentir de milliers d'individus qui se sont moralement égarés à un moment de leur vie ». M. Saâdani ne se contente pas de louer les efforts du Président dans le rétablissement de la sécurité, mais, comme bon lui semble, il défend aussi son action d'ordre économique. Sans évoquer le pouvoir d'achat en constante baisse, le chômage et la misère sociale qui ronge la majorité des Algériens, le président de l'APN - Assemblée dont la mission est de défendre l'intérêt des citoyens - trouve que « le pays a plutôt progressé ». Pas sur le plan économique bien sûr. C'est clair. La réalité est là. On ne peut nullement la déformer. Mais il a progressé, soutient-il, sur la voie de la paix et de la sécurité. Il n'y a plus d'attentats, sinon moins. Tout cela est dû à « la loi sur la concorde civile » et « les efforts consentis par le Président Bouteflika qui a, dès le début de son premier mandat électoral, pris l'initiative d'éteindre le feu de la fitna ». Et comme un clin d'œil au peuple, M. Saâdani dit que ce dernier, qui « a toujours été au rendez-vous des grands moments de son histoire, saura le 29 septembre prochain laisser parler l'immense sagesse qui est en lui, en faisant que la paix et la réconciliation nationale s'enracinent dans l'âme comme la voie incontournable de retour à la stabilité ». L'intervention de son voisin de la Chambre haute, Abdelkader Bensalah, s'inscrit dans le même ordre d'idées. Elle est truffée d'éloges à l'endroit du premier magistrat du pays. D'emblée, il dira que cette session « se tient dans une période qui sera l'une des plus importantes de l'histoire moderne de l'Algérie eu égard à l'importance du référendum sur le projet de charte pour la paix et la réconciliation nationale ». Bras droit d'Ahmed Ouyahia au sein du RND, M. Bensalah se dit convaincu que la charte de Abdelaziz Bouteflika « aura un grand impact sur les institutions de l'Etat en général, les institutions législatives en particulier ». Pour lui et le Sénat qu'il préside, cette charte est « l'initiative la plus audacieuse, radicale, globale et bénéfique pour l'avenir du pays ». Il ajoute qu'elle est à même d'ouvrir « une nouvelle page où les Algériens se pardonnent ». Ainsi, le temps des discours « éradicateurs » semble révolu. Selon lui, il s'agit d'une démarche qui « constitue le fruit des efforts de l'Etat pour éradiquer les causes et les séquelles de la crise vécue par l'Algérie ». M. Bensalah, agitant aussi l'éventail de l'ennemi extérieur, fustige les ONG internationales qui, selon lui, « se sont habituées à s'ingérer dans les affaires qui ne les concernent pas et surtout dans nos affaires internes ». Sur sa lancée, il poursuit : « Celles-ci (les ONG) se donnent raison pour donner des leçons dans les processus du changement et critiquent les choix des autres, même lorsque cela touche à leur souveraineté. » Il annonce ainsi clairement que le Sénat rejette l'ingérence de ces ONG, considérant leurs critiques infondées. Ainsi, l'ère des discours éradicateurs semble révolue.