Dans ses communiqués publiés sur les sites d'autres organisations islamistes, l'organisation extrémiste, qui se fait appeller les Brigades d'Abou Hafs Al Masri, qui avait précédemment revendiqué les attentats de Madrid, sans vraiment convaincre les spécialistes du terrorisme de matrice islamiste, a mis l'Italie dans sa ligne de mire depuis que ce pays européen s'est allié aux USA durant la guerre en Irak. Affirmant disposer de cellules dormantes en Italie, ce groupe proche d'Al Qaîda avait accordé au gouvernement italien un délai, qui a expiré dimanche dernier, pour retirer son contingent de l'Irak, sans quoi il menaçait de frapper des villes italiennes. Ne sous-estimant pas ces messages hostiles, le ministère de l'Intérieur a placé 13 000 sites, jugés sensibles, sous haute protection, notamment les aéroports, les ports, les gares et les sièges des institutions. Plus de 23 000 agents de sécurité, entre policiers et carabiniers, auxquels se sont joints 4000 militaires cette semaine, ont été mobilisés jusqu'à ce que l'alerte soit levée. Les aéroports internationaux, surtout ceux de Fiumicino et de Ciampino, à Rome, sont devenus de véritables citadelles, et les voyageurs, surtout ceux qui empruntent des compagnies aériennes israéliennes, britanniques ou américaines, sont fouillés un par un. La nervosité des agents de sécurité avait fait évacuer entièrement l'aéroport de Fiumicino, il y a quelques jours, parce que les chaussures d'un passager pour Tel Aviv avaient déclenché le détecteur de métaux. Il s'agissait seulement de semelles antistatiques. Auparavant, une voiture garée dans le parking du méme aéroport avait été signalée et des recherches intensives de son propriétaire engagées à travers l'Italie. Par la suite, il s'est avéré que le véhicule appartient à un Algérien, qui s'était rendu au pays, pour les vacances d'été. Mais voilà, il avait oublié la copie d'un Coran, bien visible, sur la plage arrière de sa voiture. Cela a suffi pour mettre en état d'alerte la police antiterroriste italienne. Ces réactions excessives sont dues, en partie, à la campagne médiatique que les Italiens ont subie pendant des mois. Les moyens d'information s'étaient, en effet, relayés, durant les mois passés, dans un insolite compte à rebours pour rappeler aux Italiens que ce groupe mystérieux, et avant lui, Al Qaîda, se fait rappeler constamment aux autorités italiennes, en menaçant de « faire trembler la terre sous les pieds des Italiens », en perpétrant des attentats-suicides dans des villes italiennes. Cette atmosphère tendue qui régne surtout dans la capitale italienne a fait monter au créneau le ministre de l'Intérieur, Giuseppe Pisanu, qui bien que reconnaissant qu'« il n'y a aucun endroit au monde totalement sûr », a néanmoins affirmé que « les Italiens ne changeront pas leurs habitudes » et qu'il ne fallait pas que « la peur s'empare de tous ». Cette psychose, qui a ôté la sérénité aux Italiens, n'a pas empêché le président du Conseil italien, Silvio Berlusconi, d'aller couler des journées de farniente dans sa résidence estivale de Porto Cervo, en Sardaigne, où il doit recevoir, aujourd'hui, son allié et ami, Tony Blair.