Il était une fois Sonacome, une entreprise algérienne comme on ne savait le faire qu'au cours des années 1970, une entreprise gigantesque qui absorbait le chômage endémique de toute la région de Constantine. Puis avec les réalités du marché et à l'instar des autres géants industriels de l'Algérie, elle a été confrontée à la dure loi de la concurrence, a périclité et a dû, rien que pour l'actuelle Entreprise nationale des matériels de travaux publics (ENMTP), se séparer de plus de cinq mille travailleurs. Les années noires dues au terrorisme n'ont rien arrangé non plus et les immenses ateliers de l'entreprise, autrefois gorgés de matières premières et ensuite de produits finis, n'étaient plus traversés que de courants d'air. L'ENMTP a même failli mettre la clé sous le paillasson à plusieurs reprises, mais comme le souligne à chaque fois le directeur général unique, Noui Salim, « nous avons une richesse inestimable à l'ENMTP : l'homme ». Ce dernier, à la tête de l'entreprise depuis juin 2004, ne cesse de multiplier les efforts pour que l'ex-Sonacome retrouve ses marques et rayonne de nouveau sur le marché des matériels de travaux publics. Et les chiffres sont là pour le prouver puisque l'entreprise a amélioré ses agrégats de gestion de 50% et a inversé la tendance des résultats comptables avec plus de 21 millions de dinars. L'ENMTP, issue de la restructuration des ex-Sonacome et SN Métal en 1983, a été transformée en SPA en 1995, avec un capital social de 2200 millions de dinars, et s'est spécialisée dans la production, la commercialisation et la maintenance d'un gamme très vaste de produits de matériels de travaux publics. Avec ses dix unités réparties à travers tout le territoire national (5 unités à Aïn Smara Constantine ; 1 à Béjaïa, 2 à Alger, 1 à Oran et 1 à Annaba, en plus d'une antenne à Hassi Messaoud), elle peut se targuer d'être l'une des plus grandes entreprises publiques d'Algérie. Très fier de l'entreprise qu'il couve comme un papa poule, M. Noui nous affirmera qu'« actuellement, il n'y a pas un seul chantier en activité en Algérie où il n'y a pas un engin de l'ENMTP. De plus, avec la relance économique, effective depuis quelques années, notre carnet de commande ne cesse de prendre du volume. Notre partenariat, depuis la foire d'Alger, avec une entreprise espagnole intéressée par notre savoir-faire ne pourra que renforcer notre présence sur le marché algérien et international ». Relance Le matériel griffé ENMTP a, c'est vrai, de tout temps eu bonne presse. Et comment ne pas l'être quand l'entreprise compte 40 produits classés en cinq lignes de matériels, comme le terrassement, le levage, le compactage, l'air comprimé et la préparation du béton. Mais le satisfecit n'a jamais été de mise, car depuis la libéralisation du marché, l'ENMTP doit faire face à des géants dans le matériel de travaux publics comme Komatsu, Caterpillar ou encore Liebherr qui reste quand même un partenaire de l'entreprise algérienne. « Avec le programme de relance du gouvernement, les parts de marché dans les chantiers algériens se sont améliorées par un contrat de 2500 millions de dinars signé avec le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales en 2003 et qui n'a commencé à être exécuté qu'à partir de juin 2004 », nous dira encore Noui Salim. « Toujours en 2004, l'entreprise a connu une activité globale de 4235 millions de dinars sur une prévision de 3077 millions de dinars, soit un taux de réalisation de 138%, dont la part du lion revient au Complexe pelles et grues (CPG) avec 41% », ajoutera le directeur général. Du côté de la « richesse humaine », l'ENMTP compte 2625 travailleurs répartis sur les dix unités de l'entreprise, des travailleurs qui ont connu une augmentation salariale de 10% avec un recrutement tous azimuts depuis quelques semaines et qui consiste à remplacer une grande partie du personnel de l'encadrement qui devra partir en retraite. Tout ce personnel représente quand même 59% de la valeur ajoutée et 26% du chiffre d'affaires. Tous ces chiffres révélateurs de la bonne santé de l'entreprise sont appelés à connaître une hausse qualitative et quantitative, notamment avec les actions de partenariat « qui sont en cours de maturation au niveau de l'entreprise » et qui concernent des firmes multinationales de renom comme Europactor, Arden Equipement, Fiat Cobelco, AGCM, Global Ene, et bien sûr l'un des plus anciens partenaires de l'ENMTP, l'allemand Liebherr. Et comme toute entreprise qui se respecte, l'ENMTP a aussi placé des fonds pour détenir des parts chez l'Institut supérieur de gestion de Annaba (ISGA) ainsi que chez la Société pour l'exploitation de l'atelier vérins de CCE (Sover). Tous ces chiffres avec plein de zéros ne donneront pas la grosse tête à M. Noui puisqu'il nous affirmera que tout cela fait partie du plan de sauvetage de l'entreprise 2004/2006, un plan qui se déroule, nous a-t-il affirmé, comme prévu et l'entreprise n'oubliera pas ses « enfants » car une prime brute d'encouragement de 6000 DA sera attribuée à chaque agent. C'est ainsi que se dessine une nouvelle page d'un géant qu'on appelait Sonacome et qui a enfanté un autre Gargantua connu actuellement sous l'appellation ENMTP. Un autre géant, et celui-là, nous a-t-on promis, n'aura pas des pieds d'argile !