Ancien adjoint d'éducation, animateur et réalisateur à Berbère TV, lauréat du concours Jeune reporter 2000, en 1999 organisé par TV5, Ali Hadjaz se lance aujourd'hui dans la littérature. En effet, il vient de publier à compte d'auteur son premier roman intitulé La Vie des anges(1). Il est tiré à 2000 exemplaires, une opération qui a coûté à l'auteur 16 millions de centimes. Le livre relate l'histoire d'un adolescent Samy qui croit ou plutôt à qui on a fait croire, à commencer par sa grand-mère, qu'il est protégé par les anges. Vivant dans un village reculé perché sur la montagne en Kabylie, il est vrillé par l'idée de quitter le pays. Une idée que partagent tous les gens du village. Il abandonne son examen du bac et part en Belgique, puis en France où son père Smaïl gère un café qui a fini par être fermé pour factures impayées. Commencent les rêves qui se mêlent d'illusions jusqu'à corroder l'âme pour ensuite finir par se remettre en cause. Il a à peine 19 ans. Il s'inscrit dans un lycée pour poursuivre ses études, mais finit par déchanter, car ressortissant de l'école algérienne qui forme des zombies, il se rend compte qu'il a beaucoup de retard à combler. Fougueux et téméraire, il sombre dans l'alcool, les veillées, les boîtes de nuit, un eldorado qui l'engloutit dans les abysses de l'abîme. Et puis, les malentendus avec le père qui lui reproche de rentrer tard et d'égrener son temps avec les filles, au lieu de l'aider au café. Il y a aussi Radjia, une femme de l'Est du pays, mariée à un homme du pays, traditions obligent. Un homme qu'elle n'aime pas. Avec Samy, elle découvre la vie et font un enfant. Dans ce tourbillon de voluptés, il se sent déçu, sans pour autant renoncer à ses mirages. « Il se rendit d'ailleurs compte que rien ne lui appartenait : l'argent et le gîte sont ceux de son père, et cette femme qui aurait pu le rendre heureux était celle d'un autre. Il ne faisait qu'en profiter momentanément. Néanmoins, la flamme et la soif d'aimer demeuraient intactes dans son cœur. Il ne vivait que pour aimer, que pour l'amour. Il voulait venir à bout d'affreux souvenirs de déceptions. » (p. 74). Et plus loin : « Un père qui m'a renié parce que je suis rentré un peu tard. Radjia, ma seule amie, est la femme d'un autre. Des lacunes insurmontables dans mes études... » (p. 159). Il finit par décrocher un poste d'animateur dans une radio, mais le consulat d'Algérie à Lille le convoque pour retourner au pays afin de faire son service militaire. Ainsi, sonne le glas de ces balades et sorties avec les Babette, Lauren et Radjia entre autres. Il revient au village et croise son premier amour, Dahbia avec un bébé. Mais tout ce parcours, l'adolescent l'a fait dans un rêve quand il faisait la sieste. « C'était la première fois que la sieste dura jusqu'à la tombée de la nuit dans la grotte d'Azur Laghir. Il se leva vite en s'apercevant qu'il allait se faire sermonner encore par ses parents, car les moutons étaient restés jeûner dans l'étable » (p. 202). Néanmoins, il décide de réaliser ses rêves vus dans ce rêve nourri de réalité. Une réalité qui se sustente de rêves. Samy « est convaincu qu'il est un ange parmi les anges. Quand on se sait ange, on peut voler. De la bordure du rocher, soutenue par ses anges gardiens, sans prendre d'élan, il bondit dans le vide, s'envola avec les anges... vers ses rêves d'ange » (p. 202). - Ali Hadjaz : La Vie des anges. 203 pages. Publié à compte d'auteur. Tizi Ouzou 2005. Prix 250 DA.