Juste après l'âge de pierre et celui du silex, au moment de l'ère de la dérégulation des télécommunications, les prévisions les plus optimistes tablaient sur un nombre d'abonnés à la téléphonie mobile de 6, voire 7 millions. Après plusieurs années, les réalités ont dépassé les prévisions. C'est aujourd'hui la fête chez les opérateurs. Nedjma vient de fêter son millionième abonné, juste après que Djezzy ait fêté son 5 millionième, pendant que Mobilis fête son 3 millionième. En tout, 9 millions d'abonnés, soit plus que le nombre d'enfants entrés à l'école, prévu cette année à 8 millions. Tout porte à croire que le mouvement (des abonnés, pas des élèves) va continuer à croître tant les Algériens aiment parler, du président de la République à l'abonné, en prépayé. Pourtant, c'est ce moment qu'ont choisi les autorités des télécoms pour annoncer la mise en place de 20 000 cabines téléphoniques. Alors que dans le monde, la tendance est au démontage de ces cabines, dont l'entretien est trop coûteux par rapport à ce qu'elles rapportent, l'Algérie, toujours à la pointe du progrès, va en placer 20 000. Avec les 9 millions d'abonnés et les milliers de taxiphones disponibles dans tous les quartiers, qui va téléphoner de ces cabines d'autant qu'elles ne seront utilisables que par carte à puce ? C'est un mystère, mais les initiateurs de ce projet affirment qu'elles sont destinées à ceux qui n'ont pas assez d'argent. C'est ignorer que Djezzy vient de mettre au point une « pompe à essence d'unités », permettant de passer dans une boutique de l'opérateur et de « remplir » 20, 50 ou 100 dinars d'unités, comme dans une station-service. D'accord, mais les initiateurs du projet cabine expliquent que, la nuit, les cabines sont ouvertes, contrairement aux taxiphones. D'accord, c'est gagné. Une dernière question alors : 20 000 cabines téléphoniques, ça coûte combien au contribuable ?