Le Maroc poursuit sa politique sectaire en ce qui concerne la visite des ONG internationales sur le territoire occupé du Sahara-occidental. La police marocaine a encore refoulé mercredi dernier une autre délégation de trois députés des îles Canaries à l'aéroport d'El Ayoun, capitale du Sahara-Occidental, selon des agences de presse espagnoles. La délégation composée des députés José Miguel Barragßn (Coalition des îles Canaries), Teresa Morales (Parti socialiste) et Celso Betancor (Groupe mixte) prévoyait de passer 3 jours à El Ayoun pour s'enquérir de la situation des droits de l'homme et rencontrer le militant sahraoui en détention ainsi que des responsables de la Mission de Nation unies pour le référendum au Sahara-Occidental (MINURSO). Dès l'atterrissage de l'avion de la compagnie Binter sur la piste de l'aéroport d'El Ayoun en fin d'après-midi, la police marocaine a transmis au commandant de bord une note interdisant aux 3 élus de descendre de l'appareil, a déclaré Teresa Morales. Ce qui porte au total à dix le nombre de délégations espagnoles et étrangères refoulées de l'aéroport d'El Ayoun, depuis le début mai 2005. Depuis lors, plusieurs manifestations pacifiques en faveur de l'autodétermination se sont déroulées dans les principales villes des territoires occupés du Sahara-Occidental. Manifestations auxquelles le régime chérifien a répondu par une répression sauvage. Par ailleurs, le ministre sahraoui délégué pour l'Europe, Mohamed Sidati, a sollicité « l'intervention urgente » de l'Union européenne pour contraindre le Maroc à « mettre un terme à la politique inhumaine, cruelle et dégradante qu'elle mène contre les prisonniers d'opinion sahraouis », a indiqué jeudi un communiqué sahraoui, repris par l'agence de presse sahraouie. Après 36 jours de grève de la faim, l'état de santé de ces détenus « ne cesse de se dégrader au fil des jours », a indiqué M. Sidati au directeur général des relations internationales de l'Exécutif européen, Eneko Landburu. Le responsable à la Commission européenne a fait savoir que l'UE « sera intraitable quand il s'agit de défendre les droits de l'homme ». Pour M. Sidati, l'UE « doit venir en aide à des personnes en danger, c'est un devoir moral et humanitaire ». Devant « la gravité de la situation et pour conjurer le pire, l'UE doit invoquer l'article 2 de son accord d'association avec le Maroc qui fait obligation à celui-ci de respecter les droits de l'homme, y compris le droit à l'intégrité physique et morale de ces personnes », a ajouté M. Sidati. L'émissaire sahraoui a, en outre, tenu à manifester sa grave préoccupation au sujet des termes de l'accord de pêche signé par la commission avec le Maroc qui, a-t-il souligné, empiète sur les eaux du Sahara-Occidental illégalement occupé par le Maroc, ce qui constitue une entorse grave au droit et à la légalité internationale. Il a demandé sa révision par la commission afin de le rendre conforme au droit international. Le président Mohamed Abdelaziz, secrétaire général du Front Polisario, a, rappelle-t-on, adressé une lettre à ce sujet au président en exercice de l'UE, le chef du gouvernement britannique Tony Blair.