La Peugeot 404 gris clair démarre en trombe. A l'intérieur, des membres d'un des comités de soutien à l'ancien candidat Abdelaziz Bouteflika qui viennent de quitter le siège de la wilaya et foncent vers une destination inconnue. Au siège de la wilaya, des dizaines de Peugeot 406 immatriculées à Alger encombrent le parking. La mécanique des visites présidentielles semble bien huilée. Batna, à 400 km à l'est d'Alger, s'apprête à se transformer en la septième étape de la campagne référendaire animée par le chef de l'Etat avant les escales de Constantine, Laghouat et enfin Alger le 26 septembre. Au marché du centre-ville, hommes affairés et enfants déambulants, femmes seules ou couples serrés ne semblent pas au courant des détails de la visite du chef de l'Etat. Savent-ils que le Président Bouteflika animera un meeting dit « populaire » au stade de l'Office public omnisports de la wilaya (OPOW), récemment rénové et d'une capacité d'accueil annoncée de 30 000 places. Les campagnes visuelles d'affichage en faveur de l'initiative présidentielle semblent moins pesantes sur l'environnement urbain de la capitale des Aurès. Un taxi reconduit le constat partagé par tous les Algériens qui habitent des villes visitées par le chef de l'Etat : « Ils ont tout repeint, tout bitumé ! » Même des pierres sur les rebords de la route vers l'aéroport Mustapha Ben Boulaïd ont été retouchées au blanc immaculé. Les bus « Solidarité » sont mis à la disposition de la presse. La garde présidentielle est installée. Les équipes de la radio et de la télévision aussi. Ailleurs comme à Alger ou à Oran, les voix discordantes sont muselées comme ce fut le cas pour le MDS et SOS Disparus, dont les militants continuent à être harcelés par la police. Tout est fin prêt pour la grande fête, « al ôurs al kabir », pour reprendre une célèbre formule consacrée par les médias officiels.