Au lendemain de l'annonce officielle par le Conseil constitutionnel des 6 candidats éligibles au scrutin présidentiel, le siège du FLN était hier en début d'après-midi, jour de fête de l'Achoura, bondé. D'anciens ministres, des sénateurs, des députés, des responsables du parti ainsi que des responsables de comités de soutien venus prendre la température ont investi les lieux à l'appel de leur SG, Ali Benflis, revenu de son deuxième périple européen en l'espace de quelques semaines. L'entretien à peine commencé avec Sallat qu'il est interrompu par un coup de fil de Benflis. Quarante-cinq minutes plus tard, la discussion reprend. Nous apprenons par la voix de Mourad Boutadjine qu'une réunion des députés du centre d'Alger et ses environs est programmée dans la grande salle de réunion pour prendre connaissance des «dernières consignes» à la veille de l'ouverture de la session parlementaire prévue pour aujourd'hui. Cette session, à en croire les députés présents, sera la plus courte de l'histoire de l'Algérie puisqu'elle durera une journée, le temps de constituer les trois commissions d'enquête parlementaire exigées par le FLN. Une directive leur a été donnée, après la clôture de la session, d'investir le terrain afin d'apporter la bonne parole de leur candidat. Le siège de campagne du candidat Benflis se déplacera ensuite dans l'une des trois villas louées par les partisans de Benflis dont l'une sera réservée à l'accueil des personnalités et l'autre fera office de QG des comités de soutien. Le directeur de campagne, Sallat, disponible et très courtois, nous reçoit dans son bureau et répond à nos interrogations avec une étonnante esquive aux questions «dérangeantes». Son fax est constamment sollicité. Les chefs de bureaux de campagne au niveau des wilayas reçoivent des fax à tout instant. Le candidat Benflis peut disposer des 48 wilayas. Le verdict que doit prononcer le conseil d'Etat, le directeur de campagne de Benflis est d'emblée abordé. Sallat ne s'attend pas à un possible retournement de situation et évoque les «terribles pressions» que subissent jusqu'à l'heure actuelle les 6 juges. Au milieu de la discussion, deux envoyés du ministère de l'Intérieur lui transmettent un courrier où il lui est demandé de fournir des photos en noir et blanc du candidat Benflis pour la confection des bulletins de vote. La veille, ils ont été contactés par le président de la commission électorale, Saïd Bouchaïr, pour déléguer un représentant à cette commission qui doit commencer ses travaux aujourd'hui à l'annexe des services du gouvernement. A ce sujet, notre interlocuteur s'est montré étonné et perplexe devant le fait accompli opéré par Bouteflika: «On ne se fait pas trop d'illusions». Pour Sallat, l'intitulé de cette commission est très révélateur: «La disparition du terme indépendant et son remplacement par le terme politique préfigure des desseins de son auteur». Le programme du candidat Benflis intitulé «les 100 engagements» sera au centre d'une conférence de presse qu'il doit animer ces jours-ci, selon notre interlocuteur qui nous précisera que des«propositions inédites seront faites aux Algériens durant la campagne électorale». L'autre sujet abordé est celui relatif au financement de la campagne électorale. L'ancien ministre de la Justice sous le gouvernement Benflis nous fera cette révélation: le financement sera assuré par les dons et les contributions des cadres du parti en attendant l'apport de l'Etat. A la fin de la discussion, une équipe de la télévision entre en trombe au siège du parti. Ils repartent bredouilles.