Un petit groupe de personnes a marché hier, dans des conditions pour le moins singulières, dans la ville de Béjaïa, pour appeler le président de la République à se porter candidat à sa propre succession et venir l'annoncer à partir de Béjaïa. Béjaïa : De notre bureau Une marche presque à la dérobée. Prévue à 10 h, celle-ci a démarré vers 11h à partir d'un endroit que l'on a voulu cacher aux journalistes, invités pourtant à couvrir la manifestation. Proximité du stade, carrefour Aâmriw, entrée du siège de la wilaya, boulevard Amirouche. 11h30, un groupe de marcheurs sort du boulevard des Aurès en provenance des alentours de l'Ecole d'application du génie militaire et en direction du siège de la wilaya, où sera lue la motion de soutien. « Au nom de toutes les communes de la wilaya de Béjaïa », s'est écrié un jeune orateur qui a fait face à une maigre foule d'une cinquantaine de marcheurs, dominée par les scouts et dont le gros est arrivé, banderole en l'air, de Kherrata, à l'extrême est de la wilaya. Une autre banderole aux inscriptions de la région de Ifri Ouzellaguen est déployée, elle, pour engager la population de la vallée de la Soummam. Ce petit monde a répondu à l'appel pour une « marche populaire », lancée par la représentation locale de « la commission nationale pour le soutien de l'amendement constitutionnel et la demande d'un troisième mandat et d'un régime présidentiel ». Identifiée par le seul cachet de celle-ci et signée par un certain A. Touati, sous sa double qualité de « vice-président » de cette structure nationale et « président de la commission de wilaya », l'invitation de couverture adressée à la presse ne portera aucun signe d'existence juridique de cette structure qui a élu domicile en face de l'école militaire. Présent à la marche d'hier, son président se fera d'ailleurs discret. C'est un certain Malek Boukemche, inconnu aussi au bataillon, qui lira la motion de soutien, face à la caméra de l'ENTV. Le rassemblement d'un groupe de manifestants, qui s'est compacté devant le portail du siège de la wilaya, était censé réunir les troupes des partis de l'Alliance présidentielle et être rehaussé par la présence de ses cadres, notamment les parlementaires du FLN et du RND. Il ne sera grossi ni par les uns ni par les autres. A peine si la coordinatrice de la mouhafadha du FLN se fera représenter par un cadre du parti pour appuyer l'invite au chef de l'Etat à se rendre à Béjaïa « avant la campagne électorale ». Soit dans les mêmes termes que ceux employés en janvier 2004 dans l'invitation lancée à partir du théâtre régional par la coordination de wilaya des comités de soutien. « C'est significatif », avait-on estimé. Aujourd'hui, l'on se demande à Béjaïa le pourquoi de cette parade et quelle signification doit-on donner à une annonce de candidature à partir de l'une des deux wilayas du pays que Abdelaziz Bouteflika n'a jamais visitée en tant que chef de l'Etat.