Une stèle, mettant en évidence le centre de torture de Saint-Leu, à Bethioua, a été inaugurée hier par le ministre des moudjahidine, M. Cherif Abbes, à l'occasion de la célébration du 20 Août. Ce nouveau monument, le premier d'une série de 100, porte l'effigie en bas-relief de Bendjeda Mehnia, une martyre dont le sort a voulu qu'elle soit torturée avant d'être assassinée de manière abjecte. Née en 1940 dans une localité située au sud de Tébessa, elle était la fille de Salah Bendjeda dont la maison a été un véritable centre de regroupement des membres de l'ALN. C'est justement en sacrifiant sa vie, pour ne pas divulguer celle des combattants, qu'elle a subi le martyre pendant près de 8 jours. En 1957, la maison paternelle a été cernée par des éléments de l'armée coloniale et, n'ayant trouvé personne, ces derniers ont dû recourir à la torture pour tenter de soutirer des aveux. Seulement, Mehnia, qui n'avait pas encore vingt ans à l'époque, leur a tenu tête de manière héroïque. Après 8 jours de supplice, elle a été égorgée puis éventrée et sa dépouille exposée en public. La statue en bronze émergeant d'une plaque en marbre montre justement le profil d'une fille dévêtue, les mains et les pieds liés par une corde et la tête légèrement baissée. Cette même icône sera érigée à la mémoire de tous les condamnés d'une centaine de centres similaires à celui de Saint-Leu. « Le choix d'Oran pour la commémoration du 20 Août est tout à fait banal et fait partie des habitudes du ministère consistant à opter chaque année pour une ville autre que la capitale », attestait la veille au musée du Moudjahid, M. Cherif Abbes qui avait précisé cependant que « cette initiative représente en réalité les préparatifs de la célébration du 50e anniversaire des événements de l'été 1955 ». Des événements au sujet desquels l'historien (34 ouvrages traitant en majorité du mouvement national), Yahia Bouaziz, honoré à l'occasion, atteste qu'« ils ont, hormis le fait d'avoir desserré l'étau sur les Aurès, permis à la Révolution de passer symboliquement non seulement d'une activité nocturne vers une activité diurne, mais aussi des montagnes vers les plaines ». Le 20 août, c'est aussi le congrès de La Soummam, et cet aspect n'a pas été omis jeudi dans la lettre du président de la République lue jeudi par le ministre des Moudjahidine, face à l'assistance du musée, formée en majorité d'anciens combattants pour l'indépendance du pays. Dans cette lettre, il a été fait mention des outils mis en avant par le congrès pour répondre aux exigences de la guerre moderne, l'introduction de la diplomatie, etc. L'intervention indirecte de Abdelaziz Bouteflika a souligné également le rôle joué par Mohammed V dans le passé pour mettre en avant l'idée actuelle de « la construction du grand Maghreb qui ne soit pas l'otage du conflit du Sahara-Occidental, un problème qui relève du ressort de la Charte des Nations unies ». Ali Haroun a accompagné le ministre dans ce périple oranais au même titre que d'autres figures, hommes ou femmes, du mouvement national. La journée du vendredi a été caractérisée par d'autres inaugurations effectuées en compagnie du ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication, Amar Tou, qui s'est refusé à tout commentaire sur le mouvement de redressement. Le complexe olympique de l'université Mohamed Boudiaf a été ainsi baptisé du nom de Ahmed Benahmed, une des figures du mouvement de libération d'Oran, plus connu sous le nom du commandant Si Moussa. Né en 1920 d'un père policier depuis 1916, il a fait l'école Ardaillant avant de devenir enseignant dès 1939. Une année après, il intègre le mouvement national puis entre au MTLD en 1952. Il s'est présenté derrière Souiyeh El Houari sur la liste communale de 1953. Il entre au FLN en 1956 avant de se retrouver au Maroc sous les ordres de Lotfi et Boussouf. En 1960, il devait commander l'armée des frontières de l'est du pays depuis Tunis. Le commandant Si Moussa, qui était le premier à annoncer à Oran son soutien au candidat Bouteflika, est décédé la veille du deuxième mandat présidentiel. Enfin, alors que le nouveau lycée de la localité de Benfréha porte le nom de la moudjahida de Mascara, Setti Ould Kadi (1904-1965), qui a notamment recueilli nombre d'orphelins victimes des événements du 8 mai 1945, le complexe sportif de Bethioua a été baptisé du nom de Benmelouka Abderrahmane (1922-1995), un enfant du pays.