Dans un communiqué rendu public hier, le ministère de l'Intérieur et des collectivités locales a annoncé l'interdiction de la circulation de tous les véhicules de transport de marchandises et des citernes à carburant, de même que le transport de marchandises par voie ferroviaire, du 28 septembre à zéro heure au 30 septembre à six heures et ce, « à l'exception des véhicules chargés de l'approvisionnement de la population en denrées alimentaires ». Durant cette période, le ministère de l'Intérieur a interdit les marchés hebdomadaires et retardé à une date ultérieure les manifestations sportives et culturelles. Ces mesures sont prises parallèlement au renforcement du dispositif sécuritaire autour des centres de vote. Selon des sources informées, le projet de réconciliation nationale ne veut pas dire la fin du terrorisme, dans la mesure où les organisations armées en activité ont été unanimes à rejeter les appels à la reddition lancés par le Président et les chefs de parti de la coalition. Ce qui explique cette recrudescence des attentats terroristes en ce mois de septembre, au cours duquel une quarantaine de personnes ont été tuées - dont plus de la moitié font partie des forces de sécurité - par les groupes armés. Selon nos interlocuteurs, la moyenne mensuelle des victimes des attentats terroristes depuis le début de l'année n'a jamais dépassé la trentaine. Le mois de septembre a enregistré la plus importante hausse, avec plus de 40 morts. Des sources sécuritaires ont affirmé que cette recrudescence était prévisible : « A travers ces opérations, les groupes armés répondent aux appels à la reddition lancés çà et là, et montrent par la même occasion qu'ils gardent toujours leurs forces de frappe. » Qu'ils soient du GSPC, du GIA, d'El Ahoual ou encore des petits groupuscules salafistes dissidents du GSPC, ces organisations « ont toutes refusé » d'abandonner les maquis. « Cette loi concernera quelques dizaines de terroristes qui se sont rendus après la loi sur la concorde civile. Ils ont beaucoup aidé les forces de sécurité dans la lutte antiterroriste et attendaient un geste de la part de l'Etat. La loi est également destinée aux familles des terroristes et au traitement du dossier des disparus. » Pour nos sources, la lutte « implacable » contre les groupes armés continuera même si leur nombre reste pour l'instant un dilemme et change selon les responsables et les circonstances. Il y a quelques semaines, le chef du gouvernement a surpris l'opinion publique en annonçant qu'un millier de terroristes est en activité. Des mois auparavant, le patron de la Sûreté nationale, Ali Tounsi, avait parlé de 700 éléments, dont 300 à 500 appartenant au GSPC. Le ministre de l'Intérieur a indiqué que le GIA ne disposait plus que d'une trentaine d'hommes éparpillés dans les maquis de Blida et de Tissemsilt. Les mêmes chiffres avaient été avancés en 2002 par l'ancien chef de la 1re Région militaire, le général Maiza, lors d'un colloque international sur le terrorisme à Alger. Des chiffres qui rejoignent ceux donnés par le patron de la Sûreté nationale. Les spécialistes de la question sécuritaire ne s'attendent pas à une reddition massive des terroristes. Seuls quelques cas isolés en rupture avec leurs organisations vont rejoindre leurs familles. « Le projet de réconciliation nationale est purement politique. Il ne mettra pas fin aux attentats terroristes qui continueront à endeuiller les familles tant qu'une seule arme reste en circulation dans les maquis. La lutte contre les groupes armés est un processus lent qui demande des moyens et la collaboration de la population », a déclaré notre interlocuteur.