Beaucoup de personnes s'interrogent si la campagne de sensibilisation entreprise, il y a presque une année, par le ministère de l'Environnement, destinée à lutter contre l'utilisation du sachet noir, n'est pas en train de faire chou blanc. « L'habitude est une grande sourdine », disait Samuel Beckett et il n'est pas aisé de s'en défaire. Menée tambour battant pour persuader les fabricants à ne plus « pondre » cet emballage non biodégradable, l'opération éradication du sachet noir ne semble pas faire des émules. Elle ne suscite l'adhésion de ces petites manufactures qui ont bénéficié d'une prorogation jusqu'au 31 décembre, une échéance leur permettant de recycler leur produit selon les normes internationales admises. A trois mois de l'ultimatum, nombre de producteurs s'obstinent à écouler ce produit nocif et lésinent sur les moyens à mettre en œuvre quant à une mise à niveau universelle. Les sachets noirs continuent à surfer allégrement dans les airs, au gré des vents, tel un ballet de passereaux traversant notre ciel. Agrippés aux clôtures de nos cités, jonchant champs et prairies, ces grosses bulles noires font partie de notre décor quotidien. D'autres fabricants, en revanche, donnent l'impression de souscrire aux nouvelles dispositions, mais sans grande conviction. A croire, selon eux, que l'opération recyclage réside dans une histoire de couleur et non dans l'essentiel de la matière avec laquelle est confectionné le sachet en plastique. Les échoppes vous refilent le sachet bas de gamme avec une palette de couleurs chamarrées, et peu importe si l'emballage obéit aux conditions censées protéger répondre à la règle écologique et, par ricochet, la santé publique. Du pain sur la planche, sommes-nous tenus de résumer, pour le département de l'environnement, interpellé à rappeler à l'ordre les invétérés.