Un local en préfabriqué, dépourvu des commodités et des outils de travail nécessaires, fait office de siège de la wilaya de l'Office national d'alphabétisation et d'enseignement pour adultes. Cela donne un aperçu sur la place peu reluisante qu'occupe l'office dans le paysage éducatif local et son incapacité à engager les actions susceptibles de diminuer, un tant soit peu, le fort taux d'analphabétisme dans la région. Les chiffres communiqués à cet effet par l'antenne locale donnent froid dans le dos : 41,79% des habitants ne savent ni lire ni écrire, soit un total de 269 515 personnes. La responsable de l'office, Mme Chahmi Ratiba, prend le soin, cependant, de préciser que ces statistiques remontent à 1998, date du dernier recensement effectué dans ce sens. Donc, si l'on tient compte du fait que la population a évolué depuis et atteint aujourd'hui pas moins de 989 798 habitants, on peut facilement imaginer l'ampleur du fléau dans la wilaya. Les personnes touchées sont âgées entre 16 et 60 ans et plus, et sont issues pour la plupart des zones rurales et des quartiers pauvres. C'est le cas, par exemple, de la localité de Breira, au sud de Beni Haoua, où les filles notamment sont gardées à la maison dès la fin du cycle primaire pour une question, semble-t-il, de mentalité et de traditions. La précarité sociale et le chômage galopant figurent aussi parmi les facteurs favorisant l'exclusion scolaire dont les victimes viennent, naturellement, grossir les rangs des gens privés du savoir dans un pays où l'Etat se targue pourtant d'avoir assuré la scolarisation de masse de ses enfants. Pour la saison écoulée, 2408 personnes seulement, apprend-on, avaient suivi les cours d'alphabétisation dispensés dans les 148 classes ouvertes à cet effet, dans 24 des 36 communes que compte la wilaya. L'effectif était encadré par 133 enseignants recrutés par des associations ou affectés dans le cadre du préemploi et du filet social. Pour cette année, l'Onaea a bénéficié du recrutement de 11 universitaires faisant fonction d'inspecteurs pour le contrôle et l'encadrement des enseignants en place. Là aussi, le contrat est à durée limitée avec un salaire dérisoire, ne répondant à aucune stratégie de nature à juguler ou à diminuer le fléau dans la région. Les autorités en charge du dossier ne semblent guère s'en soucier et s'obstinent à tourner le dos à une population en détresse qui ne demande que son droit élémentaire à l'éducation.