Au moment où des anciens émirs terroristes sortent de leurs « repaires » pour mener campagne aux côtés des autorités officielles, ceux qui refusent de « servir la bonne cause » continuent de subir toutes sortes de brutalités policières. Cette campagne d'intimidation touche particulièrement les militants du Mouvement démocratique et social (MDS) de feu Hachemi Cherif. Considérés comme de « dangereux suppôts », ces militants sont quotidiennement épiés, interpellés et arrêtés. Hier encore, un autre cadre de ce parti, en l'occurrence M. Zâaf Mohamed, professeur à l'université de Annaba, a été interpellé lors d'une fouille dans un barrage de police. Selon un communiqué du MDS, « M. Zâaf transportait dans son véhicule des affiches appelant au rejet du référendum du 29 mai ». Pour le MDS, « l'interpellation de Yacine Teguia, membre du bureau national du MDS, de Chekkar Youcef et Bounder Bouzid, mis sous contrôle judiciaire, ainsi que de trois autres militants du FFS interpellés à Bordj Bou Arréridj constitue un inqualifiable déni de droit ». Rappelant les « sacrifices suprêmes » consentis par les cadres et militants du parti durant la décennie du terrorisme, le MDS s'est déclaré « indigné par ces pratiques (...) qui dévoilent les desseins du pouvoir et confirment, avant l'heure, les menaces contenues dans le projet de charte ». Faisant allusion au verrouillage des médias étatiques, les rédacteurs du communiqué ont paraphrasé de façon sublime le grand martyr Larbi Ben M'hidi : « Ouvrez les médias lourds, rendez-nous notre télévision, nous vous donnerons nos tracts ! ». Plus loin, la direction du MDS a interpellé « l'opinion publique nationale et internationale sur ces dérives dangereuses qui compromettent l'avenir démocratique pour lequel des générations d'Algériens ont donné leurs vies ». Par ailleurs, le MDS s'est déclaré plus que jamais déterminé à « poursuivre la lutte pour barrer la route aux forces de la répression ». Pour ce faire, il a appelé « les citoyens, les forces patriotiques et démocratiques à dénoncer cette forfaiture et à se mobiliser, dans l'union la plus large, pour rejeter ce projet de charte et ouvrir la voie au changement démocratique ». Les militants du MDS ne sont toutefois pas les seuls à être dans le collimateur du pouvoir. Dans un communiqué, transmis à notre rédaction, le Front des forces socialistes (FFS) a dénoncé « énergiquement l'arrestation arbitraire, par la police de Bordj Bou Arréridj, dans la nuit de lundi à mardi, de trois de ses militants ». Selon le parti de Hocine Aït Ahmed, Bouguerra Abdallah, Feratsa Abdelwahab et Chelliga Farid ont été arrêtés alors qu'ils sortaient du siège local du FFS avec des affiches appelant au boycott du scrutin référendaire. Le plus vieux parti d'opposition a également dénoncé l'arrestation des militants du MDS à Alger et à Annaba pour les mêmes motifs. « Ces abus d'autorité ne visent qu'à faire taire toutes les voix qui apportent une contradiction dans cette campagne à pensée et à sens unique », est-il souligné dans le communiqué du FFS. Parallèlement à cette campagne d'intimidation menée contre des militants qui se sont publiquement opposés à la charte, un autre « travail de sape » cible des structures politiques. Des militants du FFS, du RCD et du MDS auraient été approchés et soudoyés pour rallier le train de la réconciliation. A Batna, ce sont 18 élus du FFS qui ont fait défection à quelques jours de la consultation référendaire. « Je vous apporte une bonne nouvelle. Ce matin même alors que je me trouvais à Skikda, j'ai reçu la demande de 18 élus de la wilaya de Batna appartenant à un parti opposé à la réconciliation qui demandent officiellement à intégrer notre parti. Nous leur disons ‘'soyez les bienvenus parmi nous'' », a déclaré le même jour Abdelaziz Belkhadem, dans une allusion claire aux élus du FFS qui ont abandonné leur parti pour soutenir la charte de Bouteflika. Deux autres élus FFS de la commune d'Ouled Rabah (Jijel) ont démissionné des rangs du parti pour faire campagne aux côtés des partisans de la réconciliation. A Djelfa, une autre ville de l'intérieur du pays, c'est le président du bureau régional du RCD, Mekhalet Ben Harzellah, qui a préféré claquer la porte. Des confrères arabophones sont allés jusqu'à annoncer un « mouvement de redressement au sein du RCD ».