Pour détournement et faux et usage de faux, S. Mustapha, 56 ans, a été placé sous mandat de dépôt après son audition dimanche par le procureur près le tribunal de Annaba. Saisie en juillet 2005 par la direction de l'Entreprise portuaire de Annaba (EPAN) sur de graves anomalies relevées dans ses caisses, la police judiciaire a aussitôt déclenché une enquête. C'est à partir de la vérification des registres d'encaissement et des matrices de carnets de reçus de paiement que les éléments de la brigade économique ont abouti à l'identification formelle du caissier de cette entreprise. Pour piocher dans la caisse, ce caissier n'avait pas hésité à falsifier les reçus des sommes versées par les clients en contrepartie des prestations que l'entreprise leur fournissait. Victime de cette pratique, le gérant d'une société privée fut le premier à donner l'alerte après avoir constaté que les reçus qui lui avaient été remis ne correspondaient pas à la somme de 193 000 DA qu'il avait versée. Poursuivant minutieusement leurs investigations, les enquêteurs ont pu relever que le caissier en cause n'en était pas à sa première tentative. En effet, les reçus falsifiés étaient en nombre. Selon l'estimation préliminaire établie, le préjudice commis à l'EPAN atteindrait déjà les 5,64 millions de dinars. Un montant qui pourrait être revu à la hausse à l'issue des conclusions définitives de l'enquête. La mise sous mandat de dépôt du caissier de l'EPAN signifiée à l'intéressé, le même magistrat a également eu à étudier le dossier de l'Institut supérieur de gestion Annaba (ISGA), établissement à caractère public. Il porte sur l'implication du directeur général, de 3 anciens membres du conseil d'administration, l'ancien directeur de l'administration et des finances et une secrétaire dans une affaire d'imitation de signatures, fausses déclarations budgétaires, passations de marchés contraires à la loi, destruction et falsification de documents officiels, trafic d'influence, dilapidation et détournement de deniers publics. L'instruction du dossier se poursuit toujours avec la mise sous contrôle judiciaire des 6 personnes impliquées par le magistrat instructeur. C'est dans le même contexte et avec presque les mêmes griefs qu'une enquête a été déclenchée par la gendarmerie nationale sur réquisition du procureur de la République près le tribunal d'El Hadjar sur la conserverie Saada implantée à Besbès dans la wilaya d'El Tarf. Cette conserverie avait fait couler beaucoup d'encre à la suite du contentieux qui l'opposait à la fin des années 1990 à la Badr et l'acquisition d'équipements de production auprès d'un fournisseur italien. Malgré l'alerte donnée par la Badr quant à l'éventualité d'une escroquerie, un crédit de 500 millions de dinars accordé sans véritable garantie à cette conserverie par une autre banque avait permis cette acquisition. Réceptionnés et installés, les équipements se sont avérés défectueux et improductifs, entraînant la mise en faillite de la coopérative Essada et la mise au chômage de travailleurs, agriculteurs, saisonniers et collecteurs.