Accrochée au pied du célèbre mont de Tamgout, à plus de 1020 m d'altitude, la commune d'Akkerou, dont le chef-lieu est le village Tifrit N'Aït El Hadj, est l'une des trois localités de la daïra d'Azzeffoun qui n'a connu du développement que le nom. Depuis sa création en 1985, la commune n'a bénéficié que de rares projets qui se résument en la construction de quelques écoles primaires, à savoir un CEM en préfabriqué qui se dégrade de plus en plus, 15 logements sociaux détruits lors des émeutes de 2001 et un dispensaire qui n'est plus alimenté en eau depuis plusieurs mois à cause de l'interruption du réseau AEP qui provient de la source naturelle d'Iharkan Bwaman. Les travaux de construction d'une annexe de la formation professionnelle sont à l'arrêt depuis longtemps, constate-t-on. L'administrateur communal, qui affirme que l'APC est trop déshéritée et ne bénéficie que de peu de moyens financiers, justifie les raisons du retard par la sous-évaluation du coût du projet en question. Rencontrés à Tifrit N'Aït El Hadj, les membres du comité de village se sont surtout plaints de l'inexistence d'un véritable réseau AEP et de l'insuffisance des réservoirs de stockage d'eau. Ils affirment que « leur village, qui est censé être le chef-lieu de la commune, continue à s'alimenter en eau potable à l'aide de fontaines publiques. L'entretien des sources et le nettoyage des réservoirs se font grâce à la contribution des villageois qui prennent en charge aussi la réparation des canalisations qui doivent être toutes remplacées ». Pour sa part, l'administrateur communal estime que « l'Etat a dépensé beaucoup d'argent pour réparer les différents réseaux AEP en engageant parfois des entreprises privées ». La défectuosité du réseau d'assainissement pose aussi problème. Les eaux usées sont souvent déversées à l'air libre, au milieu des champs, remarque-t-on à certains endroits. A ce propos, le premier responsable de la commune avoue que le taux d'assainissement dans la région est très faible, ne dépassant pas les 30%. Les citoyens recourent, dans la majorité des cas, à la création de fosses perdues. En matière de transport public, il faut se réveiller tôt pour avoir une place dans les quelques fourgons privés qui desservent les 10 hameaux d'Akkerou, à destination de Yakouren et d'Azazga. Ces deux villes sont paradoxalement plus proches d'Akkerou (respectivement distantes de 10 et 18 km) et faciles d'accès que la ville d'Azzeffoun, qui se trouve à plus de 26 km, et dont la seule route qui y mène est dans un état lamentable. Des raisons pour lesquelles il n'existe aucun transporteur assurant la ligne Akkerou-Azzeffoun, ce qui contraint les riverains à faire un long détour par la ville de Fréha pour se voir délivrer un document de leur daïra. Les jeunes, qui représentent plus de 70% de la population qui avoisine 5000 âmes, affirment n'avoir aucune perspective. Ils manquent de tout. Le départ de la plupart d'entre eux vers Tizi Ouzou, Alger ou Oran leur permet d'espérer un avenir radieux. Ainsi, et à défaut d'un travail décent et d'un minimum de commodités, l'exode rural s'avère l'unique solution pour des dizaines de familles. Selon un membre du comité de village de Tifrit N'Aït El Hadj, « 50% des familles ont quitté Akkerou pour s'installer ailleurs où les difficultés sont moindres et la chance de trouver un emploi est grande ». Ceux qui sont restés survivent grâce à la maçonnerie pour certains et à l'élevage pour d'autres. Même si la commune d'Akkerou dispose de nombreux terrains pouvant accueillir des projets de développement, ils demeurent non exploités jusqu'à ce jour. L'opposition des villageois de Tifrit N'Aït El Hadj, qui affirment que ces terrains leur appartiennent, pose aussi problème aux responsables de l'APC qui ne peuvent concrétiser aucun projet. Ces derniers affirment disposer de tous les documents qui justifient que les terrains, qui font objet de litiges, relèvent des Domaines. Si la commune peut bénéficier de la construction d'un gros quota de logements sociaux et autres projets de développement local, les autorités locales auront sûrement recours à l'utilisation du foncier de Tala Gassine. Un terrain non viabilisé d'une superficie de plus de 31 ha situé au milieu de la forêt qui doit être d'abord défrichée.