Le budget de l'Etat continuera à être fortement sollicité en 2006. Le gouvernement compte assurer, en effet, la couverture financière de l'ensemble des projets inscrits en 2005 dans la nomenclature des investissements publics. Dans son projet de loi de finances 2006, dont El Watan s'est procuré hier une copie, le gouvernement prévoit ainsi une progression de la dépense d'équipement de 28,7% par rapport à celle retenue dans la loi de finances complémentaire pour 2005. Cette marge est de 117% en comparaison aux réalisations de l'année 2004. L'accroissement de la dépense d'équipement, expliqué par l'exécution du programme complémentaire de soutien à la croissance (PCSC), doté d'une enveloppe de 55 milliards de dinars, aura pour effet, mentionne-t-on, de maintenir le rythme de la croissance économique à un niveau supérieur à 5%. Il est attendu également une progression de 8% des importations par rapport aux prévisions d'importation retenues dans la loi de finances complémentaire pour 2005. Cette hausse sera notamment générée par l'importation des produits relevant des groupes d'utilisation « biens intermédiaires » et « biens d'équipement ». En 2006, les importations devraient avoisiner les 22,2 milliards de dollars. Les autres facteurs qui contribueront au relèvement des flux à l'importation sont la suppression du droit additionnel provisoire et la réduction des coûts douaniers des biens intermédiaires en relations avec la mise en œuvre de l'accord d'association avec l'Union européenne. Cette réduction de coûts devrait se traduire par une baisse des prix à la consommation sur le marché intérieur et la stimulation de la demande. Autre effet prévu : une augmentation de 4 points du déficit rapporté au PIB par rapport au déficit budgétaire retenu dans la loi de finances complémentaire pour 2005 (-12,7% en 2005 et -16,8% en 2006). Le gouvernement vise, en outre à travers ce projet de loi de finances, la consolidation de l'accumulation brute des fonds fixes (ABFF) à travers l'évolution des fonds fixes de la nation. Au plan du cadre macroéconomique, la loi de finances pour 2006 établit des prévisions s'appuyant sur le comportement des principaux agrégats observés en 2004 et ceux retenus globalement dans la loi de finances complémentaire pour 2005 (une croissance économique de 5,8%, une inflation maintenue à un taux de 3,5%, un prix du baril de pétrole brut à 19 dollars, une parité monétaire dinar/dollar stabilisée à 74 DA et une augmentation des exportations des hydrocarbures de 2,5%). L'option du maintien d'un prix de cadrage à 19 dollars le baril de pétrole brut, au moment où les cours affichent 60 dollars en moyenne, obéit, explique le gouvernement dans son avant-projet de loi de finances 2006, au souci de « prémunir la dépense publique contre d'éventuels retournements brutaux de la conjoncture du marché pétrolier, dont l'imprévisibilité demeure toujours présente ». A ce propos, l'on précise que certaines prévisions avancées par les institutions internationales spécialisées prévoient une contraction du prix du baril de pétrole brut en 2006 par rapport à son niveau moyen en 2005. Il est évoqué, de plus, un léger recul, en 2006, des croissances économiques de la Chine et de l'Inde, deux pays contribuant fortement ces dernières années à l'accroissement de la demande mondiale d'énergie. La définition d'une loi de finances sur la base d'un baril de pétrole à 19 dollars permet, souligne-t-on, de contenir la dépense publique dans des limites soutenables à terme et en adéquation avec les capacités d'absorption des financements. A signaler que le Fonds de régulation des recettes, institué en 2000, est crédité d'un montant de 2180,572 milliards de dinars, généré par les plus-values annuelles des produits de la fiscalité pétrolière. Les débits sur la période considérée, constitués par les remboursements du principal de la dette publique, ont atteint 954,330 milliards de dinars, soit un taux de prélèvement de 44%, sur la période allant de 2000 à août 2005. Le projet de loi de finances 2006 prévoit, par ailleurs, un arsenal de mesures législatives (lire l'article de Nabila Amir). Celui-ci a pour objectif d'encourager l'investissement, la création d'emplois et les exportations hors hydrocarbures. Le gouvernement veut aussi à travers ces mesures diversifier les sources de financement des activités économiques, lutter contre la fraude (blanchiment d'argent) et cerner les activités de l'économie informelle.