En application de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDAW), ratifiée par l'Algérie le 22 janvier 1996 et entrée en vigueur le 19 juin de la même année, le ministère délégué auprès du chef du gouvernement chargé de la Famille et de la Condition féminine et l'Institut national de la santé publique (INSP) se préparent à lancer une compagne nationale contre les violences faites aux femmes. Elle est prévue pour le mois de décembre et coïncidera avec la Journée mondiale (du 25 novembre au 10 décembre) contre la violence faite aux femmes. Cette action s'inscrit, en fait, dans la continuité du travail déjà entamé en 2002 dans le cadre de l'enquête nationale sur les violences à l'encontre des femmes réalisée par l'INSP avec la collaboration des ministères chargé de la famille, de la justice, des sports, de l'intérieur, de la solidarité, avec la Direction générale de la sûreté nationale et des associations féminines. Cette enquête, conduite dans les structures de santé, de police, de justice et des centres d'écoute, a permis d'élucider et d'étudier quelques aspects du problème des violences faites aux femmes. Les résultats de cette enquête ont révélé que le domicile est le lieu privilégié de toutes les violences. « Plus de 50% des agressions déclarées sont survenues à domicile, lieu où les femmes, majoritairement au foyer, censé être un lieu de sécurité, sont donc le plus exposées aux violences », lit-on dans le rapport final. La violence conjugale est la plus importante des cas enregistrés dans cette étude où la moitié des violences (49,5%) déclarées par les femmes mariées ou ayant été mariées ont été commises par le mari. A l'issue des résultats dramatiques de ce fléau, qui constitue aujourd'hui un véritable problème de santé publique, le ministère délégué auprès du chef du gouvernement chargé de la Famille et de la Condition féminine et les institutions qui ont collaboré à la réalisation de cette enquête ont décidé de mettre en œuvre toutes les recommandations adoptées qui portent, entre autres, sur la prévention et la formation des intervenants sur le terrain. L'idée de la campagne aura sans doute un impact sur la société. Le but de cette dernière, selon ses initiateurs, est de contribuer, non seulement à une meilleure prise en charge des victimes de violences, mais également pour que s'opère un changement sur la représentation de la violence, plus particulièrement la violence envers les femmes dans la société. Car ils estiment que « ces violences, notamment intrafamiliales et de voisinage, sont révélatrices de profondes mutations qui s'opèrent au sein de la société et qui se répercutent sur les comportements et les relations des individus entre eux. Elles traduisent une malvie qu'il faudra prendre en compte. A l'issue de cette enquête, certaines particularités de la violence envers les femmes ont pu être mises en évidence ainsi que les difficultés rencontrées par les victimes pour faire reconnaître leur droit ». En pratique, la campagne se fera à travers plusieurs supports pour tenter d'atteindre le plus large public. Il sera question d'affiches, de spots télévisuels et radiophoniques. La presse écrite sera également de la partie dans laquelle seront publiés des placards publicitaires. « Les coups, ça laisse des marques » est le thème choisi pour cette campagne. A noter qu'une conférence de presse sera organisée pour annoncer le lancement de cette compagne.