Les négociations de l'Algérie pour son adhésion à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) reprendront les 21 et 22 octobre, a annoncé, hier, El Hachemi Djaâboub, ministre du Commerce, sur les ondes de la Chaîne III de la Radio algérienne. Ce sera ainsi le 9e round qui sera consacré à l'étude et à la négociation du rapport final de l'adhésion de l'Algérie à cette organisation commerciale. Invité de l'émission hebdomadaire de la Chaîne III, « Questions de l'heure », le ministre du Commerce s'est déclaré « optimiste » quant à l'évolution des négociations aussi bien au plan bilatéral que multilatéral. Il a estimé que l'Algérie n'est pas pressée d'intégrer cet espace commercial. Selon lui, il y a des tactiques de négociations et des procédés à respecter pour pouvoir préserver l'intérêt du pays. Il trouve qu'il s'agit d'une étape cruciale qu'il faudra aborder sereinement sans date butoir ni délai. Revenant sur les conséquences ou le résultat de l'entrée en vigueur de l'accord d'association avec l'Union européenne (UE), M. Djaâboub a estimé que jusque-là le marché national n'a pas été perturbé et que les produits européens n'ont pas inondé le marché algérien. Pertes et création d'emplois « Sur les 55 produits contingentés, seuls 7 ont été consommés et les importations émanant de l'espace UE n'ont pas augmenté », a-t-il rassuré. Abordant le risque de perte d'emplois, tel que déclaré par le chef du gouvernement le 6 octobre dernier à l'hebdomadaire Le Point, à savoir un risque de perte de 50 000 emplois, le ministre du Commerce a appuyé cette hypothèse, tout en restant optimiste. « Effectivement, l'Algérie perdra quelque 50 000 emplois sur 12 ans », a-t-il reconnu en insistant sur le chiffre. L'industrie sera le premier secteur à subir ces pertes, particulièrement le secteur du textile, a précisé l'invité de la Chaîne III. Selon lui, ces pertes sont infimes par rapport au nombre d'emplois qui seront générés par l'application de cet accord, sans pour autant donner de chiffres. Le ministre a parlé uniquement de milliers d'emplois qui vont être créés à travers de nouveaux investissements, mais aussi à travers la délocalisation de certaines industries européennes. Un rendez-vous-bilan d'application de cet accord d'association est prévu dans six ans entre les deux parties. Revenant sur les nouvelles dispositions de son département ministériel prises à l'occasion du mois sacré, notamment la directive relative à l'interdiction des vendeurs saisonniers, M. Djaâboub a reconnu que le dispositif mis en place n'a pas fonctionné comme attendu. La preuve, des vendeurs de zalabia pullulent partout depuis le début de Ramadhan. Pourquoi ? Certains de ces vendeurs ont obtenu des autorisations auprès de leur APC. Mais d'autres non. Selon le ministre, les services du contrôle de la qualité sont sur le terrain, et à chaque infraction il prennent les dispositions nécessaires et les sanctions requises. Mais il a reconnu que cela demeure insuffisant. La directive n'a pas été suivie. Pour le ministre, cela est dû au comportement des citoyens qui tarde à changer, mais aussi à un léger déficit en agents de contrôle qui sont au nombre de 2300 hommes en attendant le recrutement de 1500 autres. Il y a aussi des APC qui ne respectent pas la directive en délivrant des autorisations à des vendeurs saisonniers. M. Djaâboub a précisé, à cet effet, que « le président de l'APC qui enfreint à cette loi doit rendre des comptes à sa tutelle ». Il a affirmé que la répression de la fraude va se poursuivre sans relâche. Il a évoqué ainsi de nouvelles dispositions introduites dans la loi de finances pour 2006. Déficit Evoquant le commerce informel, le ministre a indiqué que plus de 50% des échanges commerciaux échappent à l'Etat, car ils se font dans l'informel. « 70% des produits agricoles sont vendus hors du circuit formel », a-t-il précisé. M. Djaâboub trouve que la première raison qui favorise l'expansion du secteur informel est le manque d'édifices commerciaux dignes de ce nom. Pour lui, l'Etat est, aujourd'hui, absent sur la sphère commerciale. Car, ajoutera-t-il, « il est de la mission du gouvernement d'organiser des espaces du commerce ». Il a évoqué ainsi la nécessité d'une étude globale et détaillée en vue de réaliser des marchés de proximité... « Nous allons réaliser une centaine de marchés couverts afin de résorber un tant soit peu ce phénomène qui constitue un danger pour le consommateur et une perte considérable pour le Trésor public, car il échappe à tout contrôle », a-t-il souligné, estimant qu'il faudra consentir plus d'efforts et dégager plus de moyens pour pouvoir éradiquer ce phénomène. Il regrette que « sur les 55 milliards de dollars dégagés pour appuyer la relance économique, le secteur du commerce n'a bénéficié que de 10 milliards de dinars ». Cet argent, selon le ministre, sera consacré à la construction d'une centaine de marchés couverts par an dans des places bien situées. Un programme qui s'étalera sur cinq ans et qui permettra, toujours selon lui, la création de 10 000 emplois. « A travers ce programme, nous allons proposer quelque chose de mieux pour ceux qui activent dans le secteur informel, qui ne refuseront sûrement pas de s'installer dans ces nouveaux espaces », a-t-il soutenu. Abordant le chapitre relatif à l'import-export, M. Djaâboub a annoncé l'augmentation des importations. Cette année, elles seront, selon lui, de l'ordre de 20 à 21 milliards de dollars, alors qu'elles étaient de l'ordre de 18 milliards de dollars l'année précédente. Le ministre du Commerce a expliqué cette augmentation par la demande croissante du pays en équipements, car il y a beaucoup de projets en construction et des investissements. Mais il a reconnu qu'il y a des produits superflus qu'on peut ne pas importer. D'après lui, « il y a 32 000 importateurs et 400 exportateurs dont 150 seulement sont dignes de ce nom ». Il a parlé également de mesures interdisant à une personne physique de faire de l'importation. Concernant la tendance mercuriale durant ces sept premiers jours du Ramadhan, M. Djaâboub a estimé que les prix de différents produits sont restés stables.