Grande figure de la musique judéo-arabe, Lili Boniche est considéré aujourd'hui comme la star de la musique francarabe. Ce crooner de La Casbah est né en 1921 à Alger. Après avoir suivi l'enseignement d'un maître du hawzi, Saoud l'Oranais. Il apprend d'une façon remarquable le répertoire de la musique arabo-andalouse et devient un virtuose du oud. Alors à peine âgé de 15 ans, il débarque à Radio Alger pour proposer un projet au directeur. Tout de suite emballé, ce dernier lui confie une émission hebdomadaire. Lili Boniche se lance dans la composition d'une série de chansons qu'il interprétera en direct à l'antenne. Avec le temps et l'expérience, il arrive à créer son propre style où s'entremêlent le flamenco, l'arabo-andalou, le paso doble, le manbo avec une touche de tradition juive. Il devient ainsi une star à Alger et à Paris. Ambitieux, il achète quatre cinémas dans la capitale algéroise, devenant ainsi un homme d'affaires prospère. A l'indépendance, le gouvernement algérien lui enlève ses salles de spectacles. Ayant gros sur le cœur, il décide de s'installer en France et de se reconstruire une nouvelle vie. Il ouvre un restaurant - avec succès - puis se reconvertit en représentant de matériel de bureaux. Son amour pour la scène est toujours présent puisqu'il se produit constamment dans les mariages et les bar-mitsvah. Aux débuts des années 1990, certains réalisateurs redécouvrent ses chansons et les utilisent dans les bandes originales de leurs films : Le Grand Pardon, La vérité si je mens, Mémoires d'immigrés. En 1998, il sort un album intitulé Alger, Alger, produit par... le patron d'une maison de couture. Le succès est mitigé, mais l'Américain Bill Laswell reprend la production et la machine repart. A 84 ans, Lili Boniche peut se targuer d'avoir rempli l'Olympia, de rassembler un public qui va bien au-delà de la communauté juive et de faire danser les trois religions monothéistes qui tanguent en cadence, unis par la musique d'un crooner oriental aux allures de rocker suranné.