Il était l'une des figures majeures de la musique populaire algéroise dont les chansons se fredonnaient sur toutes les lèvres... Le chanteur Lili Boniche, figure de la musique judéo-arabe et vedette de la chanson populaire algéroise dans les années 30 et 40, est décédé le 6 mars à Paris à l'âge de 85 ans. Après de longues années passées loin du milieu artistique professionnel, le «crooner de la Casbah» avait été redécouvert par les jeunes générations dans les années 90, sur scène comme sur disque. Lili Boniche, dont l'épouse est décédée quelques jours après lui, avait publié en 1999 l'album Alger, Alger, produit par l'Américain Bill Laswell, puis, en 2003, oeuvres récentes, avec la collaboration du chanteur -M- et du batteur Manu Katché. Certaines de ses chansons avaient été utilisées dans les films Le Grand pardon, La Vérité si je mens ou Mémoires d'immigrés. Lili Boniche était né en 1922 à Alger, dans une famille juive. Dès l'âge de 10 ans, il avait été l'élève de Saoud l'Oranais, maître du hawzi, dérivé populaire de la musique classique arabo-andalouse. Devenu un virtuose du luth, il s'était vu confier une émission hebdomadaire sur Radio Alger à l'âge de 15 ans. Décidé à moderniser son style, Lili Boniche avait ensuite initié un genre populaire à part, mélangeant rumba, paso doble, tango, mambo et musique arabo-andalouse, et écrivant des chansons en «francarabe» (un mélange des deux langues). Il avait notamment repris la chanson Bambino de Dalida. Après avoir délaissé la musique pour épouser une comtesse, il avait pris la direction de quatre cinémas à Alger. Il était parti pour la France après l'indépendance de l'Algérie en 1962 et s'était reconverti dans les affaires (la restauration ou la vente de matériel de bureau). Bien qu'il n'ait jamais abandonné le chant, le luth et la guitare, Lili Boniche ne se produisait alors plus que dans les fêtes et les mariages, avant de retrouver la scène et les studios au tournant des années 80 et 90. Lili Boniche apparaissait dans le récent documentaire Alger, OranParis, les années music-hall, aux côtés d'autres artistes emblématiques de l'Algérie des années 50, comme son ami Maurice El Medioni ou Reinette l'Oranaise.