LiLi Boniche. Un nom qui coule de source, rythmé et ramassé comme une corolle, mais avant tout, figure légendaire de la musique judéo- arabe s'est éteint le 06 mars dernier à Paris. Vedette de la chanson populaire, Le crooner de la Casbah comme on le surnomme avait 85 ans. La nouvelle génération ignore tout de cet artiste qui s'est fait connaître autour des années 30 et 40 par son style métissé oscillant entre la rumba, le paso doble, tango, - à l'image d' Ana el Owerka- ou le mambo –tel Ma Bine Eih-, et musique arabo-andalouse. Lili, de son vrai prénom Elie, Boniche est aux cotés de reinette l'oranaise ou Cheikh Raymond, un des plus grands noms de la musique judéo-arabe. La nouvelle génération ne l'a découvert que sur le tard dans les années 90. Bien qu'il ait quitté le pays en 1962 juste après l'indépendance, celui-ci ne s'était jamais départi de ces instruments de prédilection, le luth et la guitare ainsi que du chant. Après son départ pour Paris, Lili Boniche ne se produisait plus que dans les fêtes et les mariages, avant de retrouver la scène et les studios au tournant des années 80 et 90. Il avait passé de longues années loin des scènes artistiques, et sa renaissance s'était opérée vers la fin des années 90 avec la sortie chez Créon Music d'une partie de son œuvre à travers une compilation très réussie. Lili Boniche, dont l'épouse est décédée quelques jours après lui, avait publié en 1999 l'album “ Alger, Alger ”, produit par l'Américain Bill Laswell, puis, en 2003, “ Œuvres récentes ”, avec la collaboration du chanteur -M- et du batteur Manu Katché. Certaines de ses chansons surtout Alger Alger ont servi de musique de fond pour pleins de films et de reportages télévisuels notamment Le grand pardon d'Arcady, La vérité si je mens de Thomas Gilou, ou Mémoires d'immigrés de yamina Benguigui. Né en 1922 à Alger, Lili Boniche, est issu d'une famille juive. Dès l'âge de 10 ans, il avait été l'élève de Saoud l'Oranais, maître du hawzi, dérivé populaire de la musique classique arabo-andalouse. Devenu un virtuose du luth, il s'était vu confier une émission hebdomadaire sur Radio Alger à l'âge de 15 ans. Décidé à moderniser son style, Lili Boniche avait ensuite initié un genre populaire. Ses chansons il les écrivait ou en arabe ou en français ou en “ françarabe ”, mélange des deux langues.Il avait notamment repris la fameuse chanson Bambino de la mémorable Dalida. Après avoir délaissé la musique pour épouser une comtesse, il avait pris la direction de quatre cinémas à Alger. Juste après l'indépendance de l'Algérie, Lili Boniche a délaissé quelque peu la chanson pour se consacrer aux affaires : La restauration ou la vente de matériel de bureau. Lili Boniche apparaissait dans le récent documentaire “ AlgerOranParis, les années music-hall ”, aux côtés d'autres artistes emblématiques de l'Algérie des années 50, comme son ami Maurice El Medioni ou Reinette L'oranaise. Cette figure, et au-delà de son style particulier, constitue pour nous cette voix qui rappelle la richesse et la variété des arts et des cultures algériennes.