Le clou de la soirée aura été l'entrée de la jument au milieu du public, pour transporter une mariée enveloppée d'un burnous blanc… A l'aube de samedi (hier, ndlr), vers 3h30, en dépit de la fatigue qui se lisait sur le visage des nombreuses familles présentes à la soirée culturelle organisée au milieu de la fontaine publique de la place des Martyrs de Cherchell, les salves crépitaient pour immortaliser les moments intenses, en couleurs et pleins de nostalgie, suscités à l'issue de cette soirée ramadhanesque qui avait débuté quelques heures avant. Une marée humaine venue non seulement des quartiers de la ville, mais également des localités environnantes, venue découvrir pour les uns et plonger pour les autres dans les souvenirs lointains des coutumes et us des familles cherchelloises. L'émission «A cœur ouvert» de Canal Algérie à son tour voulait immortaliser ces traditions qui se perpétuent dans l'ex-Césarée. Archéologue, artistes peintres, patron pêcheur, vieilles femmes et jeunes filles, chanteurs et musiciens se sont mêlés pour ne pas rater ce rendez-vous purement culturelle. Superbement habillée par la présidente de l'association Les amis de Cherchell, la belle animatrice Naziha Saâdoun, très stressée avant son entrée en scène, redoutait ces courts instants, afin de ne pas décevoir ces centaines de citoyennes et citoyens qui entouraient la scène. Le réalisateur Hakim Laroussi donnait le top du début de l'enregistrement de l'émission. Naziha Saâdoun, enveloppée sous ses habits traditionnels locaux, comme une mariée qui s'apprête à faire la fête, arborait son sourire et arrive malgré le stress à trouver les mots appropriés pour donner le tempo à cette soirée consacrée à la découverte du passé et des traditions de la ville Cherchell. Histoire antique et médiévale, art de la pêche, patrimoine musical local (haouzi, chaâbi, sanaâ), céramique arabo-berbère, arts plastiques, tapisserie, broderie, chants traditionnels, bokalates, art culinaire, tels étaient les sujets proposés à la forte assistance. Le clou de la soirée aura été l'entrée de la jument au milieu du public, pour transporter une mariée enveloppée d'un burnous blanc qui avait toute sa tête cachée sous un tissu de couleur rouge illuminé par deux bougies, après avoir été prise en charge par des vieilles qui connaissent parfaitement les gestes liés au rite de Sidi Maâmar. Dans le bus, les techniciens s'affairent à scruter le moindre faux pas sur leurs écrans qui recevaient les images des six cameramen. Hakim Larroussi était sur des charbons ardents, car le timing prévu est largement dépassé. La matière produite par les femmes et les hommes invités à cette soirée ramadhanesque pour faire découvrir au public les plaisirs des traditions locales suffisait à réaliser une émission d'une durée qui va au-delà de 90 mn. Adel Saâdoun, producteur et rédacteur en chef, nous confirme à l'issue de l'émission que celle-ci sera diffusée en 120 mn. Les occupants du car étaient emballés par les variétés de boissons, des plats et des gâteaux conçus et fabriqués par Sabiha Chenaoui, une enseignante en retraite. Le hasard aura voulu qu'elle passe à l'heure du s'hour. La soirée s'achève sur des moments très détendus. On coupe les caméras. La scène est envahie par les chanceux qui avaient porté leurs choix sur les plats copieux. Hakim Laroussi, le réalisateur à l'instar de tout le reste des techniciens, décroche un petit pain en forme d'oiseau dans lequel un œuf est placé au milieu. «Cela me rappelle ma tendre enfance», a-t-il avoué. Naziha Saâdoun, sur les nuages après l'extinction des projecteurs, est déjà sollicitée par les familles qui ont veillé jusqu'à l'aube, les musiciens et les musiciennes des associations locales pour prendre des photos. «Je suis heureuse du déroulement de l'émission, je sais qu'il reste beaucoup de choses à découvrir dans cette partie du territoire algérien», conclut-elle. Adel Saâdoun, le producteur, n'arrive plus à marcher. «Excusez-moi, je suis épuisé, nous dit-il, mais ravi par cette ambiance qui règne malgré l'heure tardive», ajoute-t-il. Les artistes n'arrivent plus à quitter la place des Martyrs. Les techniciens regagnent leurs véhicules. Le «cortège» des véhicules de Canal Algérie (ENTV, ndlr) sera escorté jusqu'à leur arrivée à Alger. Les familles cherchelloises présentes sur les lieux attendent à présent la diffusion prochaine de ces moments magiques. «J'espère que nous étions à la hauteur», nous déclarent les jeunes chanteurs et musiciens. Les policiers, les pompiers et le responsable de Sonelgaz avaient poussé un soupir de soulagement après le départ du beau monde qui avait occupé la place des Martyrs.