Image n 23h, la jument el aouda, louée à 2 000 DA, est devant la porte du domicile de la famille du marié. On lui donne du blé ou du sucre. Quelques jeunes filles y montent pour se marier à leur tour : «El fel.» Iol ou Caesarea, capitale du royaume romain, l?historique cité, est distante d?environ 100 km d?Alger, sur le littoral. Elle attire annuellement des milliers de visiteurs, en particulier l?été où les estivants ne sont pas seulement séduits par ses sites archéologiques et ses ruines, mais également par ses plages et ses soirées très animées ainsi que par la célébration, toujours traditionnelle, des mariages ou des circoncisions. Entre-temps, le marié, accompagné de la zorna, est conduit au hammam par ses amis. On lui met du henné à son retour. La jument commence à bouger plutôt à danser, étant habituée à entendre les rythmes de la zorna et la musique ! L?aiguille de la pendule indique 00h. Il est temps de ramener la mariée ! Toutes les femmes sortent dans la rue. Elles sont une centaine à marcher derrière el aouda, bloquant la circulation, en chantant «Allayti Sidi Maâmar, Allayti Essadate»,? Sans se lasser, elles continuent à chanter. La jument danse toujours. Tantôt en galopant, tantôt en marchant. On ramène la aroussa sur la jument à minuit si elle habite à Cherchell. Si elle est des environs, on la ramène en voiture «mais après la prière d?el Asr et non pas à minuit», précise mama Aziza, une pure Cherchelloise. Une heure après, le cortège arrive. Les proches du marié entrent au domicile de la aroussa pour lui mettre le henné aux mains et aux pieds et la vêtir de la melahfa, la bnika en valisère, un foulard rouge autour de la taille, un burnous, un autre foulard attaché autour du front auquel deux bougies sont accrochées et allumées. Le père ou le tuteur la fait sortir pieds nus. «Si elle n?accepte pas de sortir sans chaussures, la jument ne bougera pas, cela s?est passé chez moi lorsque j?ai ramené ma belle-fille qui avait refusé de se déchausser», assure el hadja Halima, une autre Cherchelloise. A 1h30, voilà la aroussa sur la jument parcourant les ruelles. Les femmes derrière reprennent les notes de Sidi Maâmar Boumoukahla Sidi Maâmar ya sidi. Vers 2h45, la jument arrive au quartier, les familles l?accueillent avec du sucre. La mariée jette, pour sa part, des bonbons, du sucre et des amandes sur les femmes qui l?accueillent. Le lendemain, c?est la aroussa qui doit préparer la d?chicha pour les invités ainsi que la h?loula (du pain aux ?ufs bien tressé et décoré). «Actuellement, cette tradition tend à disparaître», dira une jeune dame. C?est cela le mariage selon «orf Sidi Maâmar Boumoukahla», un saint homme (wali) connu à Cherchell, Ténès et Mostaganem pour faciliter le mariage des jeunes en versant uniquement une dot de 20 centimes (en louis d?or). «Si je ne craignais pas que mon geste soit mal interprété, je les marierais en échange d?une simple gerbe de doum (palmier)», explique el hadja Fatma, «baraka» de la famille qui suit ce «orf» à la lettre. La mariée ne reçoit rien de sa belle-famille pendant la période précédant le mariage, mais «trouvera, dans sa chambre, quand elle y entrera, des bijoux, des tissus, des cadeaux, des robes?», dira Sabiha A., une jeune qui appliquera, pour son mariage, cette coutume héritée de sa famille paternelle.