Djilali Hadjadj a passé hier sa deuxième nuit dans les geôles du commissariat central de Constantine. Arrêté dimanche à l'aéroport Mohamed Boudiaf alors qu'il embarquait sur le vol Constantine-Marseille, le président de l'Association algérienne de lutte contre la corruption (AALC) faisait l'objet d'un mandat d'arrêt national émis contre lui par la troisième chambre du tribunal de Sidi M'hamed à Alger. Selon l'avocat Zoubir Soudani, dépêché sur les lieux pour assurer sa défense, l'affaire serait liée à une plainte déposée par la direction générale de la CNAS, ancien employeur de Hadjadj. En attendant, il n' y a pas moyen d'en savoir plus sur les termes de l'accusation avant que le prévenu ne soit transféré à Alger. Hier, Hadjadj devait être entendu par le procureur de la République près le tribunal de Constantine pour de simples formalités procédurales d'identification. Une entrevue qui a duré plus de deux heures pour éprouver davantage sa femme Nadia laquelle ne quitte plus d'une semelle son mari en dépit du dispositif policier. Nadia était en compagnie de son époux quand celui-ci a été interpellé et arrêté, un peu vers 17h, par la police des frontières au moment de l'embarquement. «Mon seul souci maintenant est que mon mari sorte», c'est tout ce qu'elle a pu nous dire hier au téléphone, fortement affectée par la tournure des événements. Pendant ce temps, l'information a fait le tour du monde et emballé les médias, tant la personne arrêtée n'est pas n'importe qui. Djilali Hadjadj est bien connu en effet pour son action et ses positions vis-à-vis du phénomène de la corruption en Algérie. A la tête d'une organisation bien active dans ce domaine (l'AALC), ses rapports comme ses multiples déclarations dans la presse sont souvent très critiques envers les autorités. Il y a une semaine, Hadjadj accordait un entretien à El Watan dans lequel il qualifiait les récentes dispositions juridiques prises pour lutter contre la corruption de «cacophonie gouvernementale sans précédent». Les organisations de défense des droits de l'homme, comme la Ligue algérienne des droits de l'homme (LADH) ou encore Amnesty International, suivent de près cette affaire de peur qu'elle ne révèle une atteinte et une tentative de musellement d'un activiste maquillées en une affaire de droit commun, comme l'a été l'affaire du journaliste Mohamed Benchicou, en 2004.