Près de 60% des électeurs turcs ont dit «oui» à une révision de la Constitution qui donnera davantage de pouvoir au régime de l'AKP face à l'opposition laïque et à l'armée, selon les estimations publiées par les chaînes de télévision. Les estimations de la chaîne d'information en continu NTV portent sur environ 75% des bulletins dépouillés et donne un large avantage au «oui» avec 58% des suffrages, contre 42% pour le «non». La chaîne CNN-Türk donne une projection qui accorde 57% au «oui». Cette consultation était un baromètre pour la santé politique du parti gouvernemental de la justice et du développement (AKP) du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, à moins d'un an des élections législatives de l'été 2011. L'AKP, au pouvoir depuis 2002 et qui n'a perdu aucun scrutin depuis, soutient des réformes libérales, mais les laïcs soupçonnent ce parti de visées islamistes. L'AKP, qui est issu de la mouvance islamiste, assure que cette réforme renforce la démocratie en Turquie et constitue un atout pour sa candidature à l'Union européenne. Saluée par les 27 comme «un pas dans la bonne direction», la révision limite les prérogatives de la justice militaire et modifie, au profit du pouvoir, la structure de deux instances judiciaires, bastions de la laïcité et adversaires du gouvernement : la Cour constitutionnelle et le Conseil supérieur de la magistrature (HSYK) qui nomme juges et procureurs. L'opposition laïque et nationaliste, qui a fait campagne pour le «non», affirme que cette réforme, votée en mai au Parlement, où l'AKP est largement majoritaire, menace l'indépendance de la justice et remet en cause la séparation des pouvoirs.