-Comment expliquez-vous l'apparition de tribus et de groupes sociaux chez les ados algériens ? Il existe chez l'adolescent un désir «d'appartenance». Le premier «symptôme» de l'adolescence se manifeste par le désir du garçon ou de la fille d'appartenir à un groupe (amis, voisins, équipe de sport…), et ce, afin d'être accepté(e) et intégré(e). Chaque groupe a un symbole/idole (chanteur, film, idéologie…), et si l'ado est accepté dans ce groupe, il devra, lui aussi, avoir la même idole et les mêmes références, raison pour laquelle il est facile de reconnaître une tribu rien qu'à la façon de parler de ses membres ou à leur look. Par exemple, la nouvelle tendance chez certains ados est de se teindre les cheveux, chose qui n'existait quasiment pas avant. Maintenant, on commence à s'affirmer dès la préadolescence, 11-12 ans. -Et à quoi attribuez-vous cela ? Ces dernières années, il y a eu un changement radical dans le comportement de nos ados. L'ouverture vers le monde extérieur a permis aux jeunes d'avoir une fenêtre sur d'autres cultures, grâce aux chaînes télé et au Net, notamment. -Les parents doivent-ils s'inquiéter s'ils voient leur enfant rejoindre une de ces tribus ? S'il n'y a pas de limites ou d'accompagnement, il peut y avoir un danger. Surtout chez ceux qui privilégient le côté émotionnel (les emos, par exemple), puisqu'ils peuvent facilement être manipulés. Pour preuve, les nombreux cas d'automutilation répertoriés. A leurs yeux, ce n'est pas de l'automutilation mais de la purification, et le travail à entreprendre est de leur faire comprendre que c'est de l'autodestruction. Il faut noter également que le nombre de filles qui s'automutilent a sensiblement augmenté. -Comment doit réagir l'entourage face à ce genre de comportement ? En intégrant un groupe social, l'ado cherche une échappatoire à la famille, à ses problèmes, à ses études… Plus il y a de problèmes dans la famille (parents trop présents ou au contraire démissionnaires), plus il s'identifiera à son groupe. C'est la raison pour laquelle les parents doivent poser des limites : l'ado veut imposer ses idées au sein du noyau familial, mais c'est aux parents de dire : «C'est encore nous qui décidons.» Il est aussi conseillé de passer du temps en famille et ne pas laisser l'ado, par exemple, s'enfermer des heures dans sa chambre assis devant un PC. Il faut du temps pour des activités autres que la navigation sur Internet. Les fléaux qui existent sur le web mais aussi le manque de surveillance, la disparition du côté verbal au profit du visuel (webcam, clavier…) peuvent, à terme, nuire à la santé mentale de l'adolescent.