Les gendarmes de Mostaganem, sous la conduite du commandant Farouk Draïa, ont réussi, après une intense enquête, à mettre un terme aux agissements d'un réseau spécialisé dans la falsification des cartes grises. Parfaitement introduit au niveau de l'administration locale de la wilaya d'Oran, ses investigateurs avaient réussi à infiltrer le groupe, constitué de 22 malfrats, qui avait défrayé la chronique en mettant sur le marché plus de 2000 véhicules, dont des tracteurs agricoles, des engins de TP et des voitures de luxe qu'ils ramenaient de l'étranger. La falsification des cartes grises n'aurait pas été possible sans le concours de fonctionnaires en poste dans les services des cartes grises installés au niveau des daïras d'Es Senia, d'Arzew, d'Oran et de Bethioua. Les trafiquants ont réussi à recruter trois jeunes secrétaires de saisie travaillant à la daïra d'Arzew. Pour ne pas attirer l'attention des services de contrôle, ils avaient opté de faire d'Arzew et de Bethioua leur sanctuaire. Grâce à la proximité de la zone pétrochimique, qui abrite une population originaire de l'ensemble du pays et de divers patronymes, ils étaient parvenus à tromper la vigilance de l'administration, car la plupart des dossiers de base étaient scannés et comportaient des documents (actes de naissance, certificats de résidence, CNI) qui n'étaient pas destinés à ce type de transactions. Grâce à leurs complices, les dossiers étaient tout de même validés et, une fois introduits dans le circuit administratif, ils donnaient droit à l'obtention de vraies cartes grises. L'apport des agents de saisie s'avérera incontournable pour mener à terme ce large trafic qui concernerait pas moins de 2358 voitures, tracteurs agricoles, engins de travaux publics et de camions. Rien que pour Mostaganem, le chiffre impressionnant de 597 dossiers a été annoncé. Pas moins de 769 véhicules ont été écoulés en dehors de Mostaganem. Selon le bilan de la Gendarmerie nationale, c'est au niveau des wilayas de Relizane, de Tissemsilt, de Aïn Defla et de Tiaret qu'ils ont été vendus. Le trafic, qui s'est étalé de 2006 et 2007, n'aurait concerné que des véhicules en provenance de l'étranger. Afin de connaître l'origine des ces véhicules, les services d'Interpol ont été sollicités. La plupart des victimes de ces transactions frauduleuses se recrutent parmi les jeunes porteurs de projet. Une fois leur véhicule saisi, ils se sont retrouvés empêtrés dans une histoire sans issue. Ayant acquis ces véhicules avec de vraies cartes grises, ils se retrouvent totalement démunis avec, en prime, de lourdes dettes à éponger auprès des banques. Plus d'une centaine se sont regroupés devant le siège de la wilaya afin de réclamer la restitution de leur bien, qu'ils soutiennent avoir acheté en toute bonne foi. Constitués en partie civile, ces jeunes savent que les 22 brigands incarcérés dans le cadre de cette affaire ne sont que la partie visible de cet énorme réseau, dont les ramifications sont loin d'avoir été éradiquées.