L'accès au foncier est la bête noire des investisseurs. La Banque mondiale le classe au haut du tableau des éléments qui détériorent le climat des affaires en Algérie. Un promoteur est tenu d'attendre 5 années en moyenne pour entrer en possession du terrain nécessaire à la concrétisation de l'investissement projeté avec tout ce que cela implique en termes de surcoûts et de viabilité du projet qu'une aussi longue attente peut irrémédiablement altérer. Ce ne sont pourtant pas les terrains qui manquent. Les chiffres publiés par la Banque mondiale, confirmés de son temps par l'ex-ministre des Finances Abdelatif Benachenhou, font état d'une offre potentielle gigantesque de terrains, en mesure de satisfaire l'ensemble des demandes exprimées par les promoteurs à l'ANDI et aux CALPI. Selon ces estimations tout à fait crédibles, l'Etat algérien dispose de 70 zones industrielles totalisant 11 000 ha pouvant accueillir 6371 entreprises. Il est également propriétaire de 477 zones d'activités diverses disposant de 7282 ha à même d'accueillir 2700 sociétés. Les zones destinées à l'économie touristique (ZET), dont la délimitation remonte pour certaines au début des années 1980, totaliseraient un peu plus de 1000 ha pour la plupart en attente d'aménagement. Les entreprises publiques dissoutes tout au long de la décennie 1990 auraient laissé entre 1200 et 1300 ha versés, conformément à un décret promulgué en 2003, aux domaines qui éprouvent des difficultés à les mettre sur le marché, faute de textes d'application. Le refus par les députés d'entériner le projet de loi permettant aux domaines de céder ces terrains au gré à gré éloigne encore davantage l'espoir de créer en Algérie un marché foncier dynamique répondant aux sollicitations des investisseurs nationaux et étrangers. le patrimoine Depuis la publication de ces chiffres sans équivoque, la prise en charge du foncier industriel est devenue une préoccupation centrale du gouvernement algérien qui a pour ce faire confié la gestion et la régulation de cet important patrimoine en grande partie oisif et bien souvent en perdition à des sociétés de gestion de participation (SGP) chargées d'assurer la surveillance stratégique de la multitude d'entreprises publiques qui administrent ces zones. Ces SGP, au nombre de 4, se partagent le patrimoine foncier selon une répartition géographique (Est, Centre, Ouest et Sud). Leur rôle consiste à redynamiser ces zones, à évaluer avec précision leurs patrimoine et à donner aux entreprises chargées de leur gestion les moyens de les réhabiliter en rehaussant notamment leur niveau de services (routes, eau, électricité, moyens en communication, etc.). Entre 4 et 5 milliards de dinars ont déjà été consacrés à la modernisation d'un certain nombre de zones. surfaces éligibles D'importantes surfaces éligibles à la cession par le biais des guichets uniques de l'ANDI sont malheureusement toujours en attente des texte d'application y afférents. Les tergiversations qui retardent leur promulgation montrent à l'évidence l'absence de volonté de régler une fois pour toute le problème. La controverse au niveau de l'APN sur le projet de cession de terrains industriels aux promoteurs selon la procédure du gré à gré n'est pas faite pour rassurer les investisseurs qui attendent un hypothétique terrain depuis de longues années. Si nos députés parviennent à rejeter ce projet de loi, le climat des affaires déjà suffisamment délétère s'en trouverait assombri encore davantage.