Le président Bouteflka a procédé jeudi à un large mouvement dans le corps des walis qui se caractérise par 28 mutations et 12 nouvelles nominations (6 walis délégués et 5 secrétaires généraux de wilaya ont été promus au rang de wali). Les changements concernent en tout 40 walis. C'est ainsi que les walis de M'sila, Tizi Ouzou, Djelfa, Adrar, Oum El Bouaghi, Tipasa, Khenchela, Batna, Béjaïa, Médéa, Aïn Témouchent, Ghardaïa, Mascara, Sétif, Boumerdès, Blida, Tissemsilt, Constantine, Tamanrasset, Béchar, Relizane, Biskra, El Oued, Bordj Bou Arréridj, Jijel, Mostaganem, Laghouat et Aïn Defla ont été mutés respectivement à Oum El Bouaghi, Batna, Béjaïa, Biskra, Béchar, Blida, Tébessa, Tizi Ouzou, Jijel, Sétif, Skikda, Sidi Bel Abbès, Guelma, Constantine, Médéa, Mostaganem, Ouargla, Oran, Saïda, Bordj Bou Arréridj, Khenchela, Souk Ahras, Tipasa, Mila, El Tarf, Aïn Témouchent, Ghardaïa et Relizane. La particularité de ce mouvement attendu depuis le début du mois de septembre reste toutefois la mise à l'écart de 11 walis. Ce qui est une première depuis l'arrivée de Abdelaziz Bouteflika au pouvoir en 1999.Il est rare le nombre de fois, en effet, où autant de hauts fonctionnaires ont été «appelés à d'autres fonctions» en même temps ces 10 dernières années. Les 11 walis, qui ont fait les frais de la décision du chef de l'Etat, étaient en poste à Tébessa, Skikda, Sidi Bel Abbès, Guelma, Ouargla, Oran, El Bayadh, Ilizi, Mila, Souk Ahras et El Tarf.Ils seront remplacés par les walis délégués de Bab El Oued, Hussein Dey, Dar El Beïda, Sidi M'hamed, Draria et Bir Mourad Raïs, et les secrétaires généraux des wilayas d'Alger, Saïda, Laghouat, Sétif, Souk Ahras, Ouargla et Tizi Ouzou, tous promus walis (lire notre édition d'hier). Le communiqué de la présidence de la République n'évoque pas les raisons ayant amené le président de la République à se passer des services de ces 11 walis, tout comme il n'explique pas les motivations à l'origine de ce profond mouvement dans le corps des walis.Quoi qu'il en soit, les walis mis sur la touche ne sont pas réputés pour être les plus problématiques. Dans l'attente d'un éclairage officiel, il faut avouer que la logique qui a sous-tendu les changements décidés jeudi n'est pas facile à comprendre dans la mesure où certains walis se sont vu confier de nouvelles wilayas, alors qu'ils ont eu à peine le temps de s'installer dans leur poste ou commençaient juste à récolter le fruit de leur travail. Des sources proches du ministère de l'Intérieur n'hésitent pas, pour leur part, à faire un parallèle entre le mouvement ordonné par le chef de l'Etat et la volonté de l'Etat de moraliser la vie publique. A ce propos, ces dernières soutiennent l'idée selon laquelle «moins un wali éternise dans une wilaya, moins il y a de corruption». Il faudra sans doute comprendre par là que l'Etat cherche à faire en sorte que ses représentants ne soient pas, à l'avenir, «prisonniers» des lobbies locaux. Des lobbies, qui très souvent, parviennent à la longue à dicter leurs lois aux walis. Nos interlocuteurs ajoutent que ce large mouvement était nécessaire dans la mesure où le président, qui s'apprête à lancer son programme quinquennal de développement, a besoin de s'appuyer au niveau local sur des hommes sur qui il peut vraiment compter. Aussi, il n'est pas exclu, ajoute-t-on, de voir le premier magistrat du pays procéder dans les tous prochains jours à un mouvement similaire dans le corps des chefs de daïra afin d'injecter du «sang neuf» dans les rouages de l'administration locale. Dans certaines localités, le changement est plus que souhaitable eu égard au mécontentement de la population.