L'USM Alger serait-elle au bord de la crise ? Nombre d'observateurs s'interrogent sur le bien-fondé de cette interrogation. Depuis quelques jours, des informations relayées par des cercles proches du club de Soustara parlent de «situation trouble qui risque d'ébranler le club si elle n'est pas stoppée rapidement». L'arrivée de Ali Haddad, patron de l'ETRHB, avait été saluée par les Usmistes. L'intéressé, actionnaire majoritaire dans la nouvelle SPA, est venu avec de grands projets pour l'USM Alger. Un mois après la validation du statut de club professionnel, des fissures apparaissent au grand jour dans l'édifice usmiste. Des voix s'élèvent pour «demander à Haddad de revoir certaines choses», indique un ancien dirigeant. Quoi par exemple ? «Le taux d'actions qu'il détient», tonne notre interlocuteur. En devenant actionnaire majoritaire, Ali Haddad est devenu le seul patron de l'USMA. Cette (nouvelle) situation n'a pas fait que des heureux. D'anciens dirigeants usmistes ne veulent pas que Haddad devienne incontournable et évoquent «une erreur commise lors de la négociation, qui a débouché sur la situation actuelle qui fait de Ali Haddad un président surpuissant et qui relègue les autres acteurs au rang de faire-valoir». D'autres voix s'élèvent, par contre, pour «dénoncer une campagne anti-Haddad orchestrée par des hommes qui ne veulent pas perdre leurs privilèges et qui se sentent menacés par Haddad». Pourtant, au départ rien ne laissait présager une telle tournure. Rappel des faits. Lorsque la fédération a signifié aux clubs de l'élite la décision de passage au statut professionnel, l'USM Alger, à l'instar des autres clubs, s'est mis à la recherche d'un partenaire crédible et costaud. La piste Haddad était la plus crédible et les deux parties ont scellé leur mariage au terme de multiples réunions et négociations. Dans le panier de la mariée, l'USMA a mis son patrimoine immobilier : lecercle du boulevard Mira, estimé à 10 milliards de centimes. Ali Haddad s'est engagé à injecter 60 milliards dans le capital. D'après un membre du conseil d'administration, «Haddad a posé des conditions avant de s'engager. Entre autres, détenir 67% des actions et être actionnaire majoritaire». Les Usmistes qui sont de l'autre côté de la barrière ne démentent pas, mais tiennent à préciser : «Est-il normal qu'un club comme l'USMA, qui détient un patrimoine immobilier et historique, puisse être bradé à 70 milliards de centimes ?» Pointé du doigt et tenu responsable de cette situation, Saïd Allik se défend et explique : «Comme tous les clubs, l'USMA était à la recherche d'un partenaire. Lorsque l'option Haddad s'est présentée à nous, nous n'avons pas hésité à lui ouvrir les bras. De bonne foi, j'ai conclu tous les accords avec lui. Le club a été expertisé à 70 milliards de centimes. Aujourd'hui, l'USMA lui appartient. On voudrait qu'il y ait un rééquilibrage.» Un proche de Saïd Allik ajoute : «Haddad a injecté 15 milliards et il est devenu le patron de l'USMA. Ce n'est pas normal.» Un autre membre du conseil d'administration souligne : «Haddad s'est engagé à mettre 60 milliards dans le compte de l'USMA. La loi ne lui impose pas de verser toute la somme indiquée d'un trait. Il peut l'échelonner sur plusieurs mois.» Saïd Allik revient à la charge sur ce point précis : «C'est un montant dérisoire pour ''prendre'' l'USMA par rapport à son patrimoine et ce qu'elle représente. Pour information, notre bilan de l'an dernier indique que nous avons fait des recettes de 24 milliards, nous en avons dépensé 27 et nous avons des créances à récupérer, sans compter l'apport de notre partenaire historique, Sonelgaz, ainsi que ceux des autres sponsors et partenaires.» Tous ces points ont été à l'ordre du jour de la réunion du bureau de l'association USMA, tenue hier à Alger. Les participants ont décidé d'adresser une correspondance à Ali Haddad pour lui faire part de leur souhait de le voir accepter de revenir à la table des négociations. Cette initiative a peu de chances d'aboutir, à en croire un membre qui siège aux côtés de Ali Haddad au conseil d'administration de la SPA : «Cette prétendue réunion du comité directeur de l'association est illégale. Je fais toujours partie de ce comité de l'association et je n'ai pas été informé de cette réunion. Il aurait mieux valu à l'initiateur de cette démarche, qui est en même temps un membre du conseil d'administration, de poser ce problème dans le cadre légal du conseil d'administration au lieu de rassembler le jour du match USMA-MCS des gens pour jeter le trouble dans les esprits.» Donc, deux versions contradictoires s'affrontent avec un même objectif : faire de l'USM Alger un grand club. L'incompréhension semble bien s'être installée dans les deux camps ; le premier accuse l'ancien président Saïd Allik de vouloir se maintenir au poste des commandes et lui reproche d'avoir acquis seulement 5000 actions ; les partisans de ce dernier refusent que Haddad soit actionnaire majoritaire à hauteur de 83% et lui demandent de céder une partie de ses actions. Dialogue de sourds ?