Au moment où les responsables du secteur, à leur tête le ministre de tutelle, font état de mise en œuvre dans la wilaya de Sétif d'une politique de développement qui ne perd pas de vue la protection des terres agricoles, des spécialistes et chercheurs universitaires ne manquent pas de souligner la forte pression qu'exerce l'expansion sociodémographique sur les ressources foncières dans cette wilaya. Les terres se trouvant autour des centres urbains sont les plus vulnérables étant susceptibles d'être transférées vers d'autres vocations. Dans une étude réalisée en 2007 sous le thème de «L'agriculture périurbaine à Sétif : Quel avenir face à la croissance urbaine ?» Dr Abdelmalek Boudjeouia, de l'université Ferhat Abbas, a relevé d'importantes contraintes dues à cette rivalité entre deux secteurs «antagonistes», (urbanisme et agriculture) qui se développent à grande vitesse dans la région de Sétif. Dans le constat qu'il a dressé, ce chercheur souligne : «La croissance urbaine récente, rapide et diffuse, bouleverse ses structures traditionnelles ; elle subit de nombreux inconvénients de son voisinage urbain et éprouve de multiples difficultés de fonctionnement (vandalisme des cultures, conflits de voisinage souvent liés à des problèmes environnementaux tels que la dégradation de matériels, la destruction des réseaux d'irrigation, le pâturage illicite, le piétinement de parcelles, la circulation de véhicules, etc.). La conversion des terres agricoles, généralement de grande qualité, en terres non agricoles, est principalement le résultat du développement urbain aux dépens de l'agriculture. Les besoins en foncier pour répondre à la demande socioéconomique urbaine ont rendu bien difficile l'exercice de l'activité agricole et ont conduit à un recul de l'agriculture dans les zones périurbaines. Le paysage rural n'est pas reconnu par la ville comme infrastructure essentielle ». Evoquant les raisons ayant conduit à cette situation, Dr Boudjenouia remet en cause les assemblées élues qui constituent le centre de décision quant à la conduite des politiques de développement urbain. «La planification urbaine, décidée par les seuls élus, reste peu efficace en matière de protection du foncier agricole». Cependant, l'application des instruments juridiques destinés à la protection des périmètres agricoles demeure en souffrance. «Paradoxalement, les dispositifs juridiques de protection existent, mais ils ne sont pas mis en œuvre», souligne-t-il dans cette étude. Outre l'urbanisme, le développement de l'activité industrielle et l'explosion démographique impliquent également des «ponctions» directes ou indirectes sur les superficies agricoles. Directes à travers la mobilisation des poches foncières devant servir d'assiettes pour l'implantation des entreprises économiques ou des zones d'activité, indirectes par l'aménagement de nouveaux espaces pour la réalisation de projets d'utilité publique. A l'échelle nationale, est-il utile de rappeler, l'on estime à quelque 120 000 hectares la surface des terres agricoles qui sera utilisée pour des projets d'utilité publique à l'horizon 2020 selon un rapport d'expertise rendu public récemment.