Dépister tôt pour traiter efficacement. Pour la deuxième année consécutive, l'association El Amel du Centre Pierre et Marie Curie (CPMC), à Alger, lance une nouvelle campagne d'information et de sensibilisation pour le dépistage et le diagnostic précoce du cancer du sein, placée cette année sous le thème «Tous pour elles». Avec 9000 nouveaux cas par an en Algérie, le cancer du sein est le plus fréquent des cancers chez la femme et aussi celui qui est à l'origine du plus lourd tribut, avec 3500 décès par an. Les spécialistes en la matière ne cessent de répéter que le cancer du sein est un cancer de bon pronostic, s'il est détecté à un stade précoce, la survie relative à 5 ans est supérieure à 90%, d'où l'intérêt de pouvoir le dépister tôt afin de le traiter efficacement. Cette campagne, placée sous l'égide du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière s'inscrit dans l'initiative du mois d'octobre, le mois mondial de lutte contre le cancer du sein. Cette campagne lancée depuis l'année dernière a permis, selon l'association El Amel, une prise de conscience parmi les femmes : «Il s'agit pour nous de sauver des vies et de réduire le périmètre de désolation que cause ce fléau dans les familles qui perdent une mère, une fille, une sœur. Il s'agit d'améliorer la prise en charge de ces femmes sur tous les plans et c'est autour de cette prise en charge que nous avons axé notre programme du mois». Des actions seront ainsi menées durant toute cette période envers des femmes que ce soit sur le plan informatif autour de l'importance du dépistage en distribuant des brochures et la diffusion de l'information à grande échelle dans les médias. Au plan thérapeutique, l'association entend passer le message à travers des journées scientifiques et d'information sur les meilleurs soins innovants qui assurent une guérison et une rémission plus longue et plus importante. La sauvegarde des droits et la dignité des patientes est l'une des préoccupations de l'association qui consacre une journée de la patiente atteinte de cancer pour une prise en charge psychologique, juridique et sociale. La défense des droits à l'équité de l'accès aux soins de toutes les Algériennes est le cheval de bataille de l'association qui ne cesse de traduire cette revendication à travers un plan cancer qui, selon elle, est «le meilleur moyen de remédier à tous les manques et les dysfonctionnements qui empêchent l'optimisation de nos moyens humains et financiers». Mais beaucoup reste à faire. Commençons par l'organisation d'un dépistage au sens propre du terme. Aucune action, mis à part la campagne lancée par les caisses de la sécurité sociale (CNAS) destinée pour les assurés sociaux, n'est mise au point par le ministère de la Santé. Des services spécialisés tentent tant bien que mal d'initier ce genre d'initiative nécessitant des moyens humains et matériels colossaux, mais le démarrage reste toujours pénible. D'ailleurs, ils se démènent pour pouvoir offrir les soins à des patientes qui arrivent souvent à des stades tardifs. Malgré tous ces efforts, la prise en charge de cette maladie ne répond pas encore aux besoins des personnes. Le CPMC arrive à saturation en raison de manque de spécialistes et d'infrastructures dans les différentes régions du pays. Les chances de guérison se rétrécissent surtout que les soins en radiothérapie se font rares dans notre pays. Seuls 12 appareils, soit un ratio de 0,4 appareil pour un million d'habitants, sont répartis sur cinq centres à travers le pays. Un constat alarmant en 2010 au moment où les spécialistes parlent d'une possibilité de guérison de ce cancer.