Une cinquantaine de jeunes demandeurs d'emploi ont bloqué, dimanche dernier, l'accès à la SARL Hayat DHC Algérie, une usine de détergents turque implantée à Bouinan dans la wilaya de Blida, pour protester contre ce qu'ils considèrent comme une injustice dans la méthode utilisée pour le recrutement de travailleurs dans cet établissement privé. Une semaine auparavant, jour pour jour, ils avaient déjà bloqué la RN29 entre Bouinan et Bougara pour le même motif. Ce jour-là, comme il y avait une délégation étrangère qui était en visite dans l'usine, les autorités locales leur avaient promis de les recevoir et de régler leur problème le dimanche suivant. Donc, c'est en s'appuyant sur cet engagement que ces jeunes se sont présentés à l'usine de détergents, fabriquant aussi des couches pour bébés et des serviettes hygiéniques, munis de bulletins de recrutement délivrés par le bureau de main-d'œuvre de la wilaya de Blida. «Les responsables de l'usine nous ont fait attendre dans la cour pendant plusieurs heures, ensuite ils font appel à des gens étrangers à Bouinan ! Sur les quelque 800 ouvriers de l'usine Hayat, il n'y a pas une centaine qui viennent de cette ville. Ce n'est pas juste !», disent les concernés. Contacté, Nadir Ouassa, responsable d'administration dans cette usine nous explique : «L'erreur ne vient pas de nous ! Cela se passe au niveau du bureau de recrutement. On demande une vingtaine d'ouvriers (il nous montre la correspondance envoyée à cet effet), on nous en envoie quatre-vingts. Cela engendre automatiquement l'anarchie». Pour ce qui est du favoritisme dénoncé par les jeunes demandeurs d'emploi, ce responsable d'administration nous a présenté la liste des recrutés, et sur les trente candidats admis, dix-sept résidant dans la daïra de Bouinan (quatorze de Bouinan, deux de Chebli et un de Massouma). De son côté, le responsable de l'Anem a nié l'intervention et l'influence des responsables de l'usine dans le recrutement des ouvriers. «Sur les 725 employés de l'usine, 95% sont de Bouinan !», nous affirme-t-il. Des rumeurs de renvois abusifs «en masse» circulent par ailleurs dans l'usine, expliqués par certains, par «l'absence de syndicat», donc de législation qui protégerait les droits des travailleurs. Une commission de wilaya composée de cadres de l'inspection du travail, de la direction de l'emploi et de l'Anem a été mise en place pour clarifier la situation sur les derniers recrutements. Un climat serein entre l'administration et les employés, basé sur la transparence, la confiance et les droits et devoirs de chacun profiterait à cette usine, créée dans le cadre de la coopération algéro-turque.