Notre confrère, le talentueux caricaturiste Dilem du quotidien Liberté, est désormais un «noble» faisant dans l'«hippique» et l'«épique». La preuve ! Il vient de recevoir ses lettres de noblesse de preux chevalier entrant dans l'art majeur ! Ali Dilem a eu l'insigne honneur d'une distinction, hier, à la résidence des Oliviers de l'ambassade de France, à Alger. L'insigne de Chevalier des Arts. Ainsi, c'est en présence de l'ambassadeur de France en Algérie, Xavier Driencourt, de directeurs de journaux – Abrous Outoudert de Liberté, Omar Belhouchet d'El Watan, H'mida Layachi de Djazaïir News ou Amine Allouache du Jeune Indépendant –, de journalistes –Arezki Aït Larbi, représentant de SOS Libertés –, d'hommes d'affaires – Issad Rebrab, PDG de Cevital, Arezki et Meziane de la compagnie aérienne Aigle Azur, Boussaâd Battouche (Danone) – de caricaturistes –Slim et Zinou d'El Watan –, d'avocats tels que Khaled Bourayou, Ali Méziane, Miloud Brahimi et autres hommes politiques, l'ancien ministre Abdelaziz Rahabi et le député Tarek Mira, que «l'heureux» et «élu» Ali Dilem s'est fait épingler l'insigne de chevalier des Arts et des Lettres d'un(e) remettant(e) de marque, Mme Noëlle Lenoir, ancien ministre des Affaires européennes. Chevalier du fiel et du miel L'ordre des Arts et des Lettres est une décoration honorifique française qui, gérée par le ministère de la Culture, récompense les personnes qui se sont distinguées par leur création dans le domaine artistique ou littéraire ou par la contribution qu'elles ont apportée au rayonnement des arts et des lettres en France et dans le monde. «J'ai remis les insignes de chevalier des Arts et des Lettres à un grand artiste. Là, Ali Dilem dépasse même l'Algérie et la France. C'est pour cela qu'on lui a remis cette décoration. En plus, Dilem représente un art qui est très symbolique du contact avec le peuple. La caricature aussi bien au peuple qu'au gens très lettrés. Donc c'est un mode d'expression qui a toujours dérangé le pouvoir. Parce que les caricaturistes sont impertinents. Ils disent des choses qui percutent et qui passent beaucoup plus rapidement dans l'opinion», dira Mme Lenoir à propos de la distinction de Ali Dilem. Abondant dans le même sens, l'ambassadeur de France, Xavier Driencourt, révérera le talent de Ali Dilem : «Je suis très content que le gouvernement français ait eu l'idée de décorer Ali Dilem. Parce que c'est un grand dessinateur et grand Algérien qui fait honneur à son métier, à la presse et à l'Algérie. C'est un très beau jour pour la France et l'Algérie, pour nos relations qui sont dans tous les secteurs. Pas des relations uniquement politiques, économiques, mais même à travers la presse, la caricature, il y a des rapprochements.» Ali Dilem, ému, rendra hommage à Slim, le célèbre dessinateur et caricaturiste, son père spirituel et soulignera la mémoire des journalistes disparus, dont Saïd Mekbel. Il confiera, non sans humour : «Je me demande si c'est bien de moi qu'il s'agit. C'est avec honneur, humilité et scrupule et devant mon maître Slim à qui je dois tout que je reçois cette décoration. Je ne prends pas cela comme une reconnaissance uniquement pour moi. Quand on est reconnu à partir de son pays, l'Algérie, pour ce qu'on fait, c'est déjà énorme. Il s'agit d'essayer de faire un dessin dans un espace pour s'exprimer. Et par conséquent, parler de jeunes, des harraga, des femmes de Hassi Messaoud… On a trop eu l'habitude que les autres parlent de nous. Eh bien, il y a un Algérien, à partir d'Alger, qui parle de la politique française et de ce qui se passe dans le monde khôya (frère) ! C'est ce qu'il faut retenir. Le reste, Dilem, c'est un passage. C'est rien du tout. Demain, il n'y aura plus de Dilem et Salem (au revoir). Le tout, c'est qu'on reconnaisse que les Algériens aussi ont des mots à dire. Et surtout, sur eux-mêmes et sur les autres. Ce n'est pas un geste d'hostilité envers son pays. Je m'empresse de rire de mon pays avant que les autres ne le fassent à notre place… Merci de faire de moi quelqu'un. Un Algérien fier !» C'est sûr, Dilem est un heureux récipiendaire pour ses coups de gueule, coups de cœur, coups de canif… Bref, ses coups francs et franchement pertinents et impertinents !