Vingt-deux ans après la pose de la première pierre par l'ancien président de la République Chadli Bendjedid, un véritable saut en arrière vient d'être réalisé par le fameux projet de la route nationale 77 devant relier Jijel à Sétif pour désengorger la route express Jijel-Constantine dont des études prévoient la saturation en 2007 et étendre l'Hinterland jusqu'aux portes du Sahara ! La nouvelle approche des services des travaux publics présentée au ministre délégué à la Relance économique, Abdelkader Khelil en visite de deux jours à Jijel, soutient la recherche d'un nouveau tracé qui devrait longer le couloir de l'Oued Djendjen sur le versant est des monts de Beni Khettab pour rallier Djimla. Cette nouvelle sortie, après toutes les péripéties qu'a connues cette route depuis près de vingt ans, est justifiée par le nécessaire contournement de la ville de Texenna ainsi que le futur barrage de Tabellout qui engloutira pas moins de 11 km de l'actuel tracé qui passe par Texenna, longeant Oued Missa et enjambant Oued R'ha. Cet état de fait fera dire au sénateur dépité Abdellah Boussenane : « 150 milliards de centimes ont été dépensés pour rien. » La crainte de certains élus que nous avons approchés réside dans le risque de voir le projet selon le nouveau tracé traîner encore 20 ans. Et pour cause, il aura fallu une vingtaine d'années pour les responsables des travaux publics pour justifier que les « données de cette route ne peuvent pas répondre aux exigences futures, de lier le port de Djendjen aux Hauts Plateaux et à la route Est-Ouest ». Pour sa part, le député Mohamed Serhane déploiera tout un argumentaire solide afin de justifier une prise en charge sérieuse de ce dossier vital pour la wilaya à travers l'ouverture d'une pénétrante vers le Sud. En conclusion, M. Khelil qui notera « une absence de maturation du projet », affirmera qu'« il faut absolument que ce projet soit la priorité numéro un du programme complémentaire de relance économique ». La wilaya de Jijel est dotée de 224 km de routes nationales, 374 km de chemins de wilaya et 1182 km de chemins communaux dont 460 km seulement sont revêtus. Arrivé dimanche 22 août, le ministre délégué a entamé sa visite par la commune de Sidi Marouf où il a inspecté les travaux de réalisation d'un internat de 300 lits pour un lycée de 1000 élèves, un bel établissement de par son aspect architectural qui a été inauguré au début de l'année par le président de la République. Toujours dans la même commune, les responsables locaux seront sérieusement contrariés par les animateurs de l'Association sportive amateur de Sidi Marouf au niveau du terrain de football. Imperfections flagrantes Le président de cette association montrera au ministre des photos concernant l'état du terrain sous la pluie pour démontrer la mauvaise qualité des travaux réalisés, surtout le tuf « argileux » utilisé, transformant le terrain en véritable piscine. M. Khelil instruira le secrétaire général de la wilaya de prévoir un revêtement synthétique qui sera financé dans le cadre du programme complémentaire prévu pour le prochain quinquennat. A El Milia, dont le club de football, le CRBEM, est le leader dans la wilaya en se hissant au championnat interligues, le problème de l'extension du stade communal et le revêtement du terrain de jeu ont été âprement et justement défendus par les élus locaux et les responsables du club. Là aussi, un revêtement en gazon synthétique est prévu pour la somme de 67 millions de dinars. A Jijel, la halte à la maison de la culture en construction qui est un belvédère d'où l'on scrute agréablement la ville a refroidi plus d'un, sitôt la porte d'entrée de l'imposante bâtisse passée. Dès les premiers pas à l'intérieur, les malfaçons ont commencé à picoter nos yeux tellement elles sont manifestes ! Du revêtement du sol, à la main courante de l'escalier, au traitement des joints de dilatation ou d'une façon générale, les travaux de finition, les imperfections sont flagrantes. M. Khelil, quant à lui, invitera les responsables de la DLEP à réétudier la décoration proposant même le lancement d'un concours d'idée pour retenir la meilleure étude. La délégation ministérielle a visité le plateau de Mesghitane qui fait partie du plan d'occupation des sols (POS) du Ouled Bounar, et qui s'étend sur 47 ha, il est destiné à l'implantation d'équipements sociaux, notamment 2040 logements. Pour une ville qui ne trouve plus de terrains d'assiette, la viabilisation de Mezghitane sera à coup sûr une bouffée d'oxygène pour le chef-lieu de wilaya qui étouffe sous la pression démographique, surtout après l'exode rural enregistré durant la dernière décennie. M. Khelil a reçu des explications sur les contraintes qui freinent ce report d'urbanisation de la ville de Jijel, qui se résument à un manque de financement du réseau primaire. Pour une projection qui date déjà de 1998, il faut dire que la libération des 382 millions de dinars nécessaires a mis beaucoup trop de temps. Espèrons qu'avec le programme complémentaire, cette viabilisation du plateau de Mezghitane sera enfin prise en charge. Au stade OMS de Jijel, c'est le problème du CRB El Milia qui a ressurgi. Ce club qui doit désormais se rendre à Constantine pour jouer ses matches à domicile comptait sur le stade de Jijel. Mais faute d'homologation, le club d'El Milia en sera privé et pénalisé ! Le ministre délégué s'étonnera de cet état en ironisant s'il faut attendre la fin des travaux prévus en 2009 pour procéder à son homologation ! Et dire que le DJS qui vient d'être limogé avait affirmé devant l'assemblée populaire de wilaya qu'il n'y avait aucun stade programmé depuis la fin des années 1970, on ne trouve plus quoi dire. Question d'homologation La délégation a, par ailleurs, visité le quartier Rabta à Jijel qui vient d'être raccordé au réseau de gaz naturel. A ce propos, le secrétaire général de la wilaya annoncera un taux de raccordement au niveau de la wilaya de 27,5% . Avec l'achèvement du programme en cours dans quinze mois, le taux sera hissé à 40%. Le ministre délégué s'est par ailleurs rendu à l'université de Jijel, Djimla et au barrage d'El Agrem dans la commune de Kaous avant de clôturer sa visite lundi au centre d'enfouissement des déchets ménagers qui se trouve à Skelba dans la commune de Kaous à 8 km au sud de Jijel. Cette décharge contrôlée a coûté 249 millions de dinars pour une capacité de 93 t/jour. Enfin, dans une déclaration à la télévision nationale faite au niveau du barrage d'El Agrem, M. Khelil s'est dit satisfait des réalisations entrant dans le cadre du plan de relance économique qui, dira-t-il, a généré 50 000 emplois. Cette vision comme nous l'avons constaté n'est nullement partagée par le sénateur Abdellah Boussenane qui soutient que le bilan du dernier plan de relance est loin d'être positif dans la wilaya de Jijel.