A Jijel, quand rien ne bouge, on s'adonne à la critique vitriolée à cœur joie. Seulement, même quand les choses commencent à connaître un certain dynamisme, les critiques venimeuses restent toujours d'actualité. C'est avec cette vacillante équation qu'on astreint l'accompagnement du cours de la vie publique que ponctuent sur chaque rive louanges ou anathèmes, c'est selon. Dans une wilaya nettement en retard en matière de développement et surtout en couloir de servitude pour le déplacement des citoyens et des opérateurs économiques, la décision résolue d'en finir avec le bricolage du tronçon routier, reliant El Aouana à Ziama Mansouriah relevant de la RN 43, a soulevé un tollé artificiel et une désapprobation totale de ce dernier par la population principalement à Ziama Mansouriah où une pétition est en circulation appuyant le projet initié par les pouvoirs publics. Et pour cause ! Quand un automobiliste rallie Constantine sur 135 km à partir de Jijel, il met autant de temps que celui que se déplace à Béjaïa, distante de seulement 96 km. Parfois, ce petit voyage peut durer des heures, si par malheur deux véhicules de gros tonnage se croisent au niveau d'un point noir. Les estivants qui affluent vers la région durant la période estivale en connaissent un bout. Autant ils sont émerveillés par la beauté des sites jalonnant ce musée naturel, autant ils crachent leur fiel pour les désagréments générés par l'inadéquation de cette route au flux de 8000 véhicules par jour, voire 10 000v/j. D'ailleurs, comme pour l'année écoulée, le wali devrait signer incessamment un arrêté interdisant la circulation des véhicules lourds durant la journée pendant toute la période estivale. Une décision pénalisante pour les opérateurs économiques et les commerçants. L'achèvement des travaux en cours et ceux en voie de lancement sera à l'avenir caduc. Tous nos interlocuteurs parmi les citoyens tant à Jijel, El Aouana qu'à Ziama Mansouriah s'étonnent qu'on puisse s'opposer à un tel projet bénéfique pour la population et pour le développement de la wilaya. Abderezak Kemouche, directeur des travaux publics (DTP) que nous avons rencontré, évacuera tout de go tout problème écologique dans la corniche où l'on s'attaque à la roche pour élargir la route pour arriver à un gabarit uniforme de 7 m de largeur. Il nous dira qu'une fois les travaux terminés, une opération de traitement des talus est prévue en collaboration avec la conservation des forêts. Dans la région la plus arrosée du pays et aussi la plus humide, le couvert végétal a les conditions idéales pour une rapide régénération. Les tronçons ayant reçu les travaux de réalisation de la route express Jijel-Constantine et de la voie ferrée Jijel-Ramdane Djamel en sont la parfaite illustration. Le DTP précisera qu'une étude est en cours pour assurer la préservation du cadre naturel au tunnel de Ghar El Baz, par la réalisation d'une deuxième voie parallèle à l'existante qui contournera le tunnel du côté de la mer. Il ajoutera qu'au niveau des espaces dégagés, des aires de repos et de contemplation seront aménagés le long de la corniche. Cette première étape de traitement des points noirs, dotée d'une enveloppe de 47 milliards de centimes devrait être réévaluée. Mais d'ores et déjà, le ministère des Travaux publics aurait donné son accord de principe pour la réalisation dans le cadre du plan complémentaire de soutien à la croissance de l'ensemble des tronçons restant entre Ziama Mansouriah et El Aouana avant le démarrage des opérations de réhabilitation. Ainsi, pour les opérations de réhabilitation devant être lancées, on enregistre un tronçon de 8 km entre Ziama Mansouriah et la limite de la wilaya de Béjaïa, 3 km au niveau des Aftis et enfin 4 autres km au niveau de Taza. Pour le traitement des points noirs, il concerne un tronçon rocheux de 1260 m pour une enveloppe de 20 milliards de centimes, une autre partie composée de plusieurs sections totalisant 3 km pour 12 milliards de centimes, et enfin un tronçon de 4,9 km nécessitant 15 milliards de centimes. Pour ce qui est du dédoublement de l'entrée ouest de la ville de Jijel où plusieurs familles de la région d'El Arayech et Bourmel se plaignent du fait des expropriations et de la destruction de certaines clôtures, arbres fruitiers et puits. Le DTP nous dira qu'un montant de 74 millions de dinars a été consigné au niveau du trésor public pour indemniser les citoyens, dont les terres ont été touchées. L'entrave principale qui se dresse dans ce cas, affirmera M. Kemouche, vient du fait que la plupart des biens sont dans l'indivision, alors que la libération des sommes consignées dicte la présentation de documents authentiques. L'autre écueil, survenu dans la réalisation de dédoublement et qui a généré un retard, a trait au déplacement des conduites d'alimentation en eau potable publique et celle de la tannerie de Jijel, de la fibre optique, du gaz, de la ligne électrique et du réseau d'assainissement. Ces travaux ont nécessité une enveloppe de 60 millions de dinars. Dans un proche avenir, affirmera le DTP, le dédoublement sera prolongé d'El Arayech jusqu'à Kissir. Par ailleurs, le dossier de l'évitement sud de la ville de Jijel, qui a sommeillé durant une vingtaine d'années dans un tiroir, vient d'être exhumé. Un nouveau tracé totalisant 14,5 km devrait relier Kissir à l'ouest de la ville jusqu'à la sortie est. Pour ce qui est du viaduc et du tunnel de Dar El Oued (Grottes merveilleuses) dont l'ouverture des offres techniques a été effectuée, le DTP nous dira que l'ouverture des offres financières devrait intervenir au courant de ce mois à Alger. Enfin, pour la RN 77 (Jijel-Sétif), un appel d'offres vient d'être lancé par voie de presse pour réaliser les études pour lesquelles cinq soumissionnaires ont déposé des offres. Il s'agit de deux bureaux d'études algériens et trois groupements étrangers (tunisien, égyptien et allemand) avec des Algériens. A Jijel, personne ne doute que l'achèvement de ces travaux rendra la corniche jijelienne encore plus belle pour les estivants qui n'auront plus à maugréer pour les longues heures d'attentes derrière un semi-remorque. La route du développement passera forcément par la réalisation de la route.