Qu'est-ce que la désertification ? Quelle solution apporter à ce phénomène ? Pourquoi cela semble-t-il être un fléau qui ne touche que l'Afrique ? C'est à l'ensemble de ces questions qu'a répondu le secrétaire exécutif de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification, Luc Gnacadja, lors d'une rencontre, jeudi dernier, organisée conjointement par le ministère des Affaires étrangères et le ministère de l'Agriculture à la résidence El Mithak. Béninois d'origine, mais installé actuellement en Allemagne, M. Gnacadja a soutenu tout au long de son intervention que la lutte contre la désertification doit devenir une priorité dans le monde car les désastres que celle-ci engendre ont une portée bien plus importante qu'on ne le croit. D'abord et avant tout, la désertification, qui consiste en fait en la dégradation des sols, a pour conséquence majeure une perte de la biodiversité. Mais là ne s'arrête pas le fléau. En effet, la désertification a pour conséquence d'appauvrir les sociétés et de les conduire à leur perte, une perte qui se compte en êtres humains et non uniquement en richesses. «Lorsqu'on parle des changements climatiques, la première idée qui vient à l'esprit c'est la fonte des glaces et le devenir de l'ours polaire, mais là n'est pas le seul danger», expliquera en substance l'intervenant des Nations unies. Et c'est bien là qu'est l'erreur : c'est de penser que les changements climatiques, qui alourdissent par ailleurs le phénomène de la désertification, n'ont pour conséquence que la fonte des glaces. En effet, 8 sur 10 des conflits régionaux qui ont lieu en Afrique arrivent dans les zones arides. La perte des terres et de la ressource en eau conduisent les populations à l'exode, mais aussi aux conflits. Conflits régionaux Or la terre et l'eau constituent leur principale source de subsistance. Il faut souligner que 41% de la superficie du globe sont des zones arides et lorsqu'on ajoute aujourd'hui la variabilité (provoquée par les changements climatiques), on s'aperçoit que la menace est grande. N'a-t-on pas vu les conséquences en 2007 d'une sécheresse en Australie ? Crise mondiale. Et il aura suffi d'une sécheresse cette année en Russie pour voir le prix des céréales grimper et mettre en péril toute une économie. La variabilité a pour autre conséquence de retarder la période de semences et de germination. Certains ne savent plus quand semer et parfois la pluie peut avoir 8 mois de retard quand, au pire, elle ne tombe pas sous forme d'averse avec les conséquences que l'on connaît. Des localités ont reçu en une journée ce qu'elles attendaient pour une saison. La principale solution développée par le secrétaire exécutif de la convention des Nations unies consiste à mettre en valeur les terres. Car ainsi il y a préservation de la diversité biologique. Il faut comprendre par mise en valeur des terres le maintien et l'économie de l'eau et non l'ouverture à l'agriculture ou au pâturage. L'Afrique, faut-il le souligner, est le continent le plus vulnérable, chose reconnue dans la convention sur la désertification. Sans compter que quelque 20 milliards sont dépensés pour l'alimentation, autant d'argent qui pourrait être exploité à la lutte contre la désertification. Il appartient aux pays africains de mettre en avant le fléau lors des prochaines rencontres internationales.