Le secrétaire exécutif de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification a souligné l'insuffisante attention de la communauté internationale sur la dangereuse avancée du désert et ses retombées sur l'agriculture. «L'Algérie est un pays précurseur dans la mise en œuvre de la convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification», affirme-t-il. Luc Gnacadja, à l'origine d'un constat établi pour le compte de l'organisme onusien, a été formel sur cette question en indiquant que «la communauté internationale n'est pas suffisamment préoccupée par l'avancée du désert dans les pays du Sud, comme en Algérie». Dans son intervention sur les ondes de la radio algérienne, ce dernier a fait un distinguo relatif à la perception du phénomène par les populations du nord et du sud, plus exposées aux retombées du phénomène de la sécheresse et de la désertification. Sur ce point, il révéla que les populations du Nord de l'Afrique ont une autre vision sur le changement climatique, indiquant que «l'image qu'ont les gens du changement climatique est focalisée sur les ours polaires qui vont disparaître, tandis que pour les populations du sud, des vies humaines sont dangereusement menacées par la sécheresse, devenue plus longue et par l'imprévisibilité des pluies», faisant allusion aux risques majeurs générés par les pluies pouvant être torrentielles et, par conséquent, provoquer des inondations. Le secrétaire de l'exécutif de l'organisme onusien adressa une mise en garde à l'adresse des états en affirmant que «les États doivent comprendre le coût de l'inaction face à la désertification notamment en Afrique». Sur le volet de la communication, il n'hésita pas à relever que «les opinions publiques doivent être informées sur les dangers de la désertification». Il s'attarda sur les conséquences découlant du phénomène et ses retombées sur certains secteurs comme l'agriculture, affirmant, à juste titre, que «la menace pèse sur le processus de la sécurité alimentaire». La crise de l'eau, une réalité En appuyant ses dires par des chiffres édifiants, ce dernier a affirmé que «la sécurité alimentaire est dangereusement menacée par la disparition des pâturages et par l'instabilité pouvant prévaloir». En ce sens, et sur le chapitre de l'instabilité, il indiqua que «80% des crises violentes recensées de par le monde sont concentrées dans les zones arides. Des crises alimentées par la compétition pour accéder aux terres fertiles et à l'eau». Il exhorta les dirigeants des états à faire plus d'efforts en vue d'améliorer les conditions des populations en question et ce, «en investissant dans une politique de sauvegarde des terres dégradées afin d'améliorer la sécurité alimentaire et réduire le taux grandissant de pauvreté». La mise en valeur des terres en Afrique a été également un sujet sur lequel le représentant onusien abonda. Un aspect sur lequel il ne manqua pas d'exprimer sa préoccupation vis-à-vis du manque d'intérêt accordé par les états africains qui, souligna-t-il «est le continent le plus affecté par la désertification», précisant que «le désert occupe plus de 40% du continent». Un pourcentage important au vu de celui des forêts qui, elles «n'occupent que 11% du continent», devait-il affirmer pour justifier ses craintes vis-à-vis des populations du sud de l'Afrique. Davantage d'investissements Il est à rappeler que l'Algérie préside actuellement le comité consultatif africain installé dans le cadre de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification. Le représentant de l'ONU, tout en soulignant le rôle précurseur de l'Algérie dans la mise en œuvre de la convention, a loué le lancement du barrage verte en 1970 qui, souligne-t-il, «a donné de bons résultats en permettant la mise en place d'une démarche d'intégration assez remarquable». Selon ce dernier, «l'investissement dans ces régions arides est plus que nécessaire au vu que la moitié du cheptel mondial vit dans ces zones arides représentant 44% des systèmes de production alimentaire». La préservation des sols arides et la fixation des populations au travers d'investissement dans la maîtrise de l'eau «demeure une des solutions», devait-il conseiller.