L'administration est débordée, ce n'est pas la faute des citoyens, qui se demandent si c'est ainsi qu'on prétend la rapprocher d'eux. Pour obtenir le fameux passeport biométrique, récemment en vigueur dans notre pays, il faut immanquablement prendre rendez-vous par téléphone au 037 91 15 15. C'est une boîte vocale programmée, censée vous guider par étapes pour enregistrer vos noms, prénoms et date de naissance, et pour finir, vous fixer la date de remise de votre dossier au siège de la wilaya, sis à la cité Daksi. Premier couac: ladite ligne n'est pratiquement jamais accessible. Il faut formuler le numéro durant des heures, voire des jours, et croiser les doigts. Ça peut marcher… quelquefois. Questionné à ce propos, le chef de service chargé du passeport et de la carte nationale biométriques (pour cette dernière, les choses sont beaucoup plus simples), nous avouera qu'ils sont vraiment débordés, car ils font souvent face à l'absence de compréhension des citoyens concernés par le document en question. «Il faut savoir, dit-il, qu'il n'y a pour le moment qu'une seule ligne, et que la situation est nouvelle; nous n'avons pas seulement affaire aux gens résidant dans la wilaya de Constantine, nous traitons aussi les dossiers de personnes qui viennent des autres wilayas, mais dont le lieu de résidence reste toujours Constantine. Les passeports se comptent non pas par milliers, mais par millions. Nous apprenons à gérer la situation au fur et à mesure; nous tenons compte des lacunes sur le terrain, et nous essayons d'y remédier». L'autre problème, et pas des moindres: le temps que peut prendre l'établissement du passeport, entre 5 et 6 mois, voire bien plus ! (Nous avons pris le soin de vérifier au n° susmentionné). Pour cela, écoutons encore les précisions fournies par notre interlocuteur: «Au départ, nous avions deux stations d'enrôlement qui nous permettaient de traiter 90 dossiers par jour, mais l'une d'elles est en panne depuis plus d'un mois, et c'est la Gendarmerie nationale qui s'occupe de sa réparation; donc nous sommes réduits à traiter environ 40 dossiers par jour.» Par ailleurs, nous avons remarqué une grande anarchie au niveau du guichet de dépôt du dossier. Les citoyens se ruent tous en même temps, en l'absence de système de tickets électronique, comme cela se trouve dans beaucoup d'administrations. Pour cela également, aux dires de certains, des voyous ont, encore une fois, découvert le filon: ils arrivent très tôt sur les lieux, prennent des tickets, puis les monnayent plus tard avec les demandeurs de passeports. «Mais, ce n'est pas une raison suffisante pour éradiquer ce système moderne, qui préserve la dignité des gens, en les empêchant de se ruer sur le guichet comme du bétail», commente un citoyen, excédé par le manque de civisme de certains. En outre, le chef de service nous fera savoir également que «l'Etat a décidé d'alléger le formulaire du passeport, qui comprenait 8 pages, et qui a été ramené à 3 pages seulement, sachant que beaucoup de personnes sont dans l'impossibilité d'accéder à toutes les conditions requises, comme la filiation détaillée, entre autres». Autre bonne nouvelle, les cas urgents sont traités à part, pour peu que le demandeur fournisse des raisons solides. Effectivement, les personnes ayant besoin de se rendre à l'étranger pour des soins médicaux, celles désireuses de rallier les Lieux Saints, ou autres cas, non moins impératifs, sont prioritaires pour l'établissement de la pièce en question.