Les vêtements de demain seront, à coup sûr, infroissables, insalissables, capables de produire chaleur ou fraîcheur, d'éliminer bactéries et acariens, de parfumer ou encore d'hydrater la peau. Selon certains experts, les vêtements du futur seront multifonctionnels. Ce sont des innovations qui sont, pour l'instant, disponibles en laboratoire. Ces spécialistes estiment que les tissus futurs seront à la fois infroissables et insalissables. Le premier domaine de recherche a été axé sur des tissus imperméables à l'humidité extérieure et qui évacuent la transpiration. Pour leur part, d'autres industriels ont opté pour des tissus «bioactifs», luttant contre la prolifération des bactéries responsables de mauvaises odeurs, des moisissures et des acariens. Les vêtements de demain n'auront plus la fonction simplement d'habiller le consommateur mais de le protéger et de le soigner. Les tissus en question ont été justement conçus pour répondre aux besoins spécifiques de quelques professions de haute technicité : sportifs, personnel médical, pompiers. Preuve en est avec la percée sur les marchés grand public. Le tissu de demain stockera puis restituera la chaleur, c'est du moins l'avis des industriels. Les fibres synthétiques seront plus faciles à laver et à sécher. Les couleurs ne terniront point. Les chemises 100 % coton pourront ne pas subir le procédé du repassage, pour peu qu'on vaporise une résine synthétique sur le tissu. Bartex a lancé une cravate antitaches, où la soie est associée au Téflon de Du Pont. Les fibres antitranspiration ou thermiques se généralisent de plus en plus. Les Tissages de l'Aigle utilisent un concept de Rhône-Poulenc qui repose sur l'association d'un fil à gros brin et d'une microfibre sur la face externe du tissu : «le transfert d'humidité se fait vers l'extérieur en dix secondes. Les chlorofibres de Rhovyl sont depuis longtemps présentes dans les sous-vêtements, mais aujourd'hui, 30% de ses applications concernent le prêt-à-porter. Les fibres Coolmax (contre la chaleur) et Thermastat (contre le froid) de Du Pont font leur apparition dans les collections». Certes les tissus de demain ne se contenteront plus d'isoler du froid, mais ils chaufferont. Au Japon, Unitika a conçu une fibre qui absorbe les ultraviolets et les restitue sous forme d'infrarouges. Aux Etats-Unis, Gateway Technologies a lancé le tissu thermorégulateur Outlast, qui restitue la chaleur emmagasinée. Il s'appuie sur une technologie de la NASA, celle des matériaux à changement de phase, qui passent de l'état liquide à l'état solide - et vice versa - selon la température. La protection solaire s'inscrit désormais au coeur même du tissu. Une attention particulière y est accordée. Au niveau du label Carrefour, les chaussettes Tex subissent un traitement antibactérien. Le couturier Olivier Lapidus lance des tissus associant des fibres végétales (rose, coquelicot, romarin) ou des algues. Il est à noter qu'actuellement une étude est axée sur la fibre qui active la circulation sanguine. Le tisseur Billon a conçu, dernièrement, des textiles antimoustiques, pour les vêtements tropicaux. Gérard Cirouge, directeur général des Tissages de l'Aigle, estime que l'avenir est aux tissus traitants «l'utilisation de microcapsules contenant des matières actives et implantées dans les fibres ouvre l'horizon à toutes sortes de nouveaux produits. On pourra mettre ce qu'on veut dans ces microcapsules par exemple des crèmes hydratantes ou solaires». Une minorité de spécialistes de la lingerie s'intéressent de près à ce genre de projets. En somme, les producteurs de fibres chimiques sont, sans cesse, à la recherche de produits plus fluides et plus étanches.