Déjà soumis à la TVA au taux réduit de 7%, les éditeurs devront bénéficier incidemment, à partir de 2011, de cette exonération fiscale. Des mesurettes gouvernementales à défaut d'une politique du livre et de la lecture. L'exonération de la TVA sur le papier pour le livre décision prise en Conseil des ministres en août dernier saura-t-elle suppléer à l'absence d'une politique publique pour la promotion du livre et de la lecture ? A la veille de chaque Salon du livre, les professionnels de l'édition ñ 150 éditeurs sont recensés à travers le territoire national font le même constat, renouvellent le même vu, à savoir l'avènement d'une politique sectorielle claire et ambitieuse. Editeur et libraire, Yacine Hannachi (éditions Média Plus) dit attendre «comme beaucoup d'autres» l'installation du Centre national du livre pour juger des «bonnes intentions» du gouvernement. «Il est vrai, dit-il, que depuis 2007, beaucoup de choses ont été faites. Des aides, des subventions ont été allouées aux auteurs, aux éditeurs, maintenant pour ce qui est de la politique du livre et de la lecture, celle-ci n'est pas tout à fait absente, elle ne relève pas aussi du domaine exclusif du ministère de la Culture. Ça concerne aussi d'autres secteurs, le ministère de l'Education nationale notamment, les Collectivités locales, etc.» Déjà soumis à la TVA au taux réduit de 7%, les éditeurs devront bénéficier incidemment, à partir de 2011, de cette exonération fiscale. Effet d'annonce pour certains, trop peu ou pas assez pour d'autres éditeurs. Cette mesure n'aura pas «d'incidence positive» et «ne fera pas baisser le prix du livre», déclare le président du Syndicat national des éditeurs du livre (SNEL), Houma Fayçal, qui affirme que la détaxation ne fera pas baisser le prix du livre, elle «rognera» sur les marges et bénéfices des éditeurs. «Personnellement, j'aurais préféré des abattements fiscaux, des rabais sur l'IRG, l'IBS, etc., plutôt que cette exonération de la TVA.» La promotion du livre passe inexorablement par la promotion de l'édition et de toute la «chaîne du livre», soutient le président du SNEL. Les pouvoirs publics, reconnaît-il, sont animés de bonnes intentions, «reste à ajuster les efforts, à concevoir une politique globale, à orienter les aides et subventions vers les éditeurs justifiant d'un CV, d'un catalogue de publication et pas seulement d'un registre du commerce». Tout en se félicitant des mesures «incitatives» prises par le gouvernement, Chegnanne Abdellah des éditions Dahlab estime qu'il faudrait aller plus loin dans les aides accordées aux éditeurs : «C'est une bonne chose que d'exonérer les éditeurs de TVA, sachant que le papier représente 30% du coût du livre. Mais encore, cette décision me paraît difficilement applicable tant il est difficile de différencier le papier destiné au livre de celui destiné à l'imprimerie de labeur. Il faudrait néanmoins que cette mesure soit accompagnée d'une exemption des droits de douane» pour espérer influer sur le prix du livre. Pour atteindre cet objectif un prix du livre abordable Selma Hellal des éditions Barzakh mise sur «l'implication de tous les maillons de la chaîne» à même de créer un «effet domino». L'exonération de TVA n'aura d'incidence positive que si les imprimeurs, éditeurs, distributeurs et libraires jouent le jeu, convertissent dans leurs propres démarches les efforts faits par le gouvernement. «Toutefois, ajoute-t-elle, le prix du livre n'est pas la seule embûche. Comment rencontrer le public, quelle place accorder au livre au sein de la société, etc. Des questions auxquelles il faudrait apporter des réponses.»