Plusieurs raisons sont avancées pour justifier cette perturbation dans la commercialisation du lait qui pénalise grandement la population. La wilaya de Aïn Defla connaît, ces derniers jours, une forte tension sur la commercialisation du lait en sachet. Les citoyens sont à l'affût des rares magasins qui écoulent, en un rien de temps, ce produit vital. «Nous sommes obligés d'attendre assez longtemps, dans une longue chaîne, pour nous procurer les sachets de lait auprès de l'unité de Arib (groupe Giplait)», confie un commerçant exerçant au quartier Essalem à Khemis Miliana. D'autres citoyens, faute de ne pouvoir se procurer le précieux sachet de lait, se sont rabattus sur les laits en poudre ou en boîte nettement plus chers. Rappelons que la distribution du lait dans la wilaya de Aïn Defla est assurée par l'unité de production Giplait dans la commune de Arib (nord du chef-lieu de wilaya) et un autre transformateur domicilié à Alger. Une autre laiterie privée Waniss écoule sa marchandise uniquement dans les wilayas limitrophes, telles que Médéa, Tissemsilt et Relizane, à cause d'une concurrence jugée déloyale au niveau local, selon Mourad Bouzekrini, gérant de cette laiterie implantée à Bir Ould Khelifa. Interrogé à propos de la tension qui prévaut actuellement sur le lait dans la wilaya de Aïn Defla, celui-ci imputera cette situation au déficit en lait cru enregistré ces derniers temps. L'intervenant ne cachera pas son étonnement en réaction à la dernière proposition du ministre de l'Agriculture, Rachid Benaïsa, laquelle consiste à augmenter la prime d'intégration qui passera de 4 à 7,5 DA aux transformateurs qui opteront pour la production de lait en sachet à base de lait cru uniquement. «Cependant, martèlera le même intervenant, il n'y a pas de lait cru ! C'est une réalité dont nous avons informé récemment le ministre.» Ce transformateur, classé premier éleveur de vaches laitières à l'échelle nationale, expliquera dans ce sillage que le déficit en lait cru, dans la wilaya de Aïn Defla, a contraint des collecteurs à arrêter leur activité. Il fera savoir qu'il n'en reste plus que deux sur les 7 avec lesquels il travaillait en partenariat. Signalons, en outre, que les deux unités de transformation implantées dans la wilaya collectent moins de 50% de la production globale, soit quelque 3000 litres/j. S'agissant de la collecte de lait cru à l'échelle de la wilaya, celle-ci a atteint, aux premiers mois de l'année en cours, à peine 2 millions, soit moins de 10% de la production globale. Une production estimée à 60 millions de litres en 2009, mais dont 3 millions de litres seulement avaient été collectés sur les 23 millions fixés dans le cadre du contrat de performance pour la même période. A cela, plusieurs explications sont avancées par les responsables du secteur et leurs partenaires. En premier lieu, le détournement du produit vers les circuits informels, mais également la désaffection de nombreux éleveurs en raison des lenteurs administratives rendant difficile l'accès aux subventions de soutien à la filière. D'autres désagréments sont évoqués tels que la hausse du prix de l'aliment du bétail, lui-même généré par la régression des cultures fourragères, le manque de structures modernes et performantes, le vieillissement du cheptel. En attendant les conclusions des commissions d'enquête que le ministre envisage de dépêcher au niveau des wilayas actuellement en difficulté d'approvisionnement en sachets de lait, d'aucuns espèrent que la situation redevienne vite à la normale.