Conseiller politico-militaire de la 2e wilaya historique, Si Alaoua montra à ce poste tout son génie, en créant des comités administratifs, sociaux et juridiques devant remplacer l'administration coloniale ( pour indigènes ), et régler les problèmes des Algériens. Désormais, à partir de ce 1er novembre, l'hôpital militaire régional, sis à la nouvelle ville Ali Mendjeli, portera sur son fronton l'appellation de «Hôpital Abdelali Benbaâtouche». La cérémonie, coïncidant avec la commémoration du 56e anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération nationale, s'est déroulée dans une atmosphère empreinte de la ferveur du souvenir et de la reconnaissance des sacrifices concédés par de vaillants hommes, qui n'ont pas hésité à donner leur vie pour le pays. Les autorités civiles, conduites par le chef d'état-major et commandant de la 5e région militaire, des moudjahiddine, ainsi que du frère, de l'oncle et du neveu du martyr Abdelali Benbaâtouche, dit Si Alaoua, étaient tous présents pour célébrer comme il se doit l'événement. Après avoir inauguré la stèle portant le nom du martyr, les convives se sont rendus au salon d'honneur aménagé dans le vaste hall de l'hôpital. Et c'est là où un vibrant hommage a été rendu au valeureux militant qu'était Si Alaoua. Son frère, Rachid, a reçu, à ce titre, un cadeau symbolique, offert par le commandant de la 5e région militaire et le wali, en signe de reconnaissance à la famille du défunt. Rachid Benbaâtouche parlera avec une grande émotion du parcours militant de son frère. Nous apprendrons que Abdelali, né le 16 décembre 1929 à Segana (Batna), avait, depuis la grève du 19 mai 1956, décidé d'entrer dans la clandestinité. Cette conviction de la nécessité de mener un combat armé contre l'occupant pour libérer le pays, s'est forgée dès son jeune âge, est allée en se confirmant chaque jour. Après avoir effectué deux années de médecine, puis obtenu une licence en droit à Alger, l'homme s'aguerrira aux côtés de grands militants de la cause, notamment ceux fondateurs de l'UGMA. Avec le docteur Lamine Khan, il rejoindra la résistance à partir de Djebel El Ouahch, à Constantine. Il y rencontre Messaoud Boudjeriou et convient avec lui de former des infirmiers, projet qu'il mènera à terme avec brio, avant de rejoindre un autre illustre combattant, Zighoud Youcef, qui dira de lui : «Si ce jeune homme arrive à survivre à cette guerre, il sera un grand homme.» Il est désigné, à ce moment, conseiller politico-militaire de la 2e wilaya historique, et c'est à ce poste qu'il montra tout son génie en créant des comités administratifs, sociaux et juridiques pour se substituer à l'administration coloniale et régler les problèmes des Algériens sans le recours à cette «administration pour indigènes». Durant la fin de l'année 1957, et jusqu'au 22 mars 1958, date de sa mort, Si Alaoua se rendait en Tunisie, là où on avait voulu le retenir en lui offrant un poste de ministre d'Etat. Mais c'était ignorer son côté fougueux d'homme de conviction et de terrain. Il refusa l'offre et décida de rentrer pour mener la lutte. Aux côtés de Ali Kafi et de Salah Boubnider, il repartit dans la matinée de ce 22 mars 1958. Arrivés au niveau de la ligne Maurice, et une fois ses deux compagnons passés sous les fils électrifiés retenus par un fusil pour permettre leur passage, Abdelali, «assez costaud», précisera son frère, avait du mal à se faufiler. Au moment de son passage, le fusil glissa laissant retomber les fils à forte charge électrique sur la tête du martyr qui succomba sur le champ. Il sera enterré à Boucheggouf, dans la wilaya de Guelma. Rachid, son frère, souhaite aujourd'hui ramener le corps de son défunt frère pour l'inhumer près de sa famille.