Les habitants de la cité Ben Achour redoutent le pire à la moindre averse. Les rues deviennent impraticables, tant pour les automobilistes que pour les piétons. La cité Ben Achour (Blida), qui compte plus de 18 000 âmes, reste dépourvue de commodités de base et ses habitants vivent un véritable calvaire à chaque saison de pluie. Les fortes averses de ces derniers jours ont charrié des quantités impressionnantes de boue des premiers piémonts du massif de Chréa. Le réseau routier se dégrade par endroits et les nids-de-poule se creusent encore plus profondément à chaque pluie. Les averses, si elles sont les bienvenues pour les fellahs, astreignent néanmoins les habitants, dont ceux de la rue El Formadja, à passer parfois des nuits blanches lorsque les pluies sont torrentielles. Il s'agit de l'endroit le plus bas de la cité Ben Achour, constituant un point de confluence des eaux des hauteurs, le risque d'inondation est ainsi permanent. L'ex-wali de Blida, Hocine Ouaddah, avait ordonné, en 2009, se rappellent les habitants, le démarrage des travaux de drainage dans le courant de la semaine même qui devait suivre sa visite, néanmoins, le problème persiste toujours. La charge des eaux de pluie a fini par obstruer la quasi-totalité des ouvrages d'évacuation, et ce qui complique davantage les choses, c'est le réseau d'assainissement qui a été dimensionné pour une population donnée, mais celle-ci a triplé en l'espace d'une dizaine d'années. Un responsable local des services de l'hydraulique avait avancé à l'époque qu'une solution globale concernant l'évacuation des eaux usées et des eaux de pluie était imminente. Dans ce sens, plusieurs entreprises dépêchées sur les lieux ont entamé quelques travaux avant de les abandonner pour des raisons inconnues. L'incivisme de certains citoyens aggrave encore les choses. Des tonnes de terre provenant des travaux d'excavation entamés par certains habitants de cette cité sont régulièrement répandues sur des chaussés sans pavés, du coup, ces dernières se transforment en de véritables bourbiers. «On dirait que nous sommes dans une mer boueuse et déchaînée», lâche un automobiliste. Manque de commodités de base Les points de dépôt de déchets solides se multiplient, alors que le camion de ramassage des ordures ne passe régulièrement que sur les grands axes de ce quartier. Du reste deux tracteurs destinés au ramassage des déchets sont immobilisés depuis plus de deux mois.«On se moque de nous ou quoi ?!! Je suis mécanicien de métier et de formation, et je n'ai jamais entendu dire qu'un engin de traction comme le tracteur a besoin de période de rodage dépassant les deux mois», lance un habitant de Ben Achour Par ailleurs, le taux de raccordement au réseau de gaz de ville reste faible, selon les habitants. «Seulement 20% de la population jouit des bienfaits du gaz de ville et les seuls grands axes — au nombre de trois — en sont pour l'instant alimentés», nous dit un habitant de la cité Ben Achour. En amont, dans les dédales des ruelles pentues des piémonts, les riverains évoquent encore le problème du manque de l'éclairage. Certains endroits ne sont même pas alimentés par le réseau électrique, ce qui crée un climat d'insécurité pendant la nuit. «On ne peut même pas se rendre à la prière du matin, et quand il s'agit d'évacuer en urgence nos malades, il faut sortir à trois ou quatre pour éviter les agressions», déplore un habitant des hauteurs de Ben Achour. «Pourtant, des particuliers ont fait don de parcelles de terrain pour l'implantation de postes électriques, mais Sonelgaz temporise depuis plus de six ans», affirme un autre habitant. Le réseau d'alimentation en eau potable (AEP) souffre également de défaillances. «Alors que toute conduite d'AEP devrait être enfouie à moins de 80 cm sous terre, à la cité Ben Achour, on peut trouver des conduites à moins de 30 cm. De ce fait, le taux de fuite est catastrophique», affirment les riverains. Les projets de réalisation d'une salle de soin et d'une salle de sport n'ont toujours pas été entamés, à cause d'un litige entre la DAS et la wilaya sur l'emplacement de l'assiette foncière où seront implantées ces structures. Le projet de création d'un commissariat de proximité dans cette cité surpeuplée et souffrant d'insécurité bute aussi sur des contraintes liées au prix de l'assiette foncière. Manquant de commodités de base les plus élémentaires, les habitants de la cité Ben Achour espèrent une prise en charge rapide de leurs problèmes, pour avoir enfin droit à un cadre de vie décent.